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Point de vue
Publié le
Jeudi 18 Juin 2015
Une tribune de Jean Pisani-Ferry publiée le 18/06 sur le site du Huffington Post
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Comme chaque année à même époque, 750 000 jeunes terminent leur cursus d'élèves et d'étudiants. Les choix qu'ils viennent de faire ou qu'ils s'apprêtent à faire vont être déterminants pour leur avenir professionnel. Or ces choix sont souvent insuffisamment informés.

Que sait-on des métiers qui recruteront demain ? Plusieurs lignes se dessinent à l'horizon. En 2022, 800 000 postes seront à pourvoir par an. Les secteurs les plus porteurs seront le "care" au sens large, des services et des soins à la personne aux métiers de l'enseignement, en passant par l'action culturelle et sociale ; mais aussi le commerce et d'une façon générale les services. Quels que soient l'état du marché du travail et le niveau de chômage, certains métiers recruteront fortement, d'autres beaucoup moins.

Ces projections reposent d'abord sur la démographie : plus de 600 000 actifs achèveront leur carrière chaque année d'ici à 2022 ; ils seront particulièrement nombreux parmi les agents d'entretien, les enseignants ou les employés administratifs de la fonction publique. Et même si l'on sait bien qu'ils ne seront pas remplacés poste pour poste, cela crée un nombre considérable de places à prendre.

Pour aller plus loin et anticiper les créations d'emplois, il faut envisager des scénarios. Trois ont été bâtis pour dessiner l'évolution de l'emploi dans les différents secteurs, puis déclinés selon les métiers. Là résident inévitablement des incertitudes. Incertitude économique internationale, qui pèse sur les secteurs exposés ; incertitudes aussi sur les transformations de la société, l'évolution de la demande sociale ; incertitude, forte, sur les mutations technologiques et les transformations du travail qu'elles vont entraîner ; incertitudes, enfin, sur la situation et sur l'usage des finances publiques, qui déterminent en grande partie l'évolution de l'emploi public et des aides à l'emploi.

Au total, on peut sans grand risque d'erreur anticiper de forts besoins de recrutement dans les métiers de la santé, parce que besoins sociaux et démographie des métiers se conjuguent pour y conduire. Mais la prospective des métiers industriels ou des fonctions intermédiaires des entreprises est beaucoup plus incertaine.

Conscients de ces aléas mais forts des résultats les plus solides, nous projetons une image qui, bien qu'elle ne soit pas une préfiguration de ce que sera la réalité, permet d'identifier un certain nombre d'évolutions à ne pas manquer.

La bonne nouvelle, pour les jeunes générations, c'est qu'un poste à pourvoir sur quatre devrait se trouver dans les métiers les plus qualifiés, et que ce sont justement les jeunes débutants qui ont aujourd'hui les plus hauts niveaux de qualification.

La contrepartie de cette bonne nouvelle, c'est que la situation des décrocheurs, ceux qui sortent du système scolaire sans diplôme, risque de se dégrader encore dans un marché du travail tiré par les métiers qualifiés. Voilà qui justifie plus que jamais les politiques de lutte contre le décrochage, au lycée mais aussi dès le collège. Ce constat nous invite aussi à favoriser la mobilité professionnelle des travailleurs plus âgés, en orientant notre système de formation professionnelle vers ceux qui en ont le plus besoin, c'est-à-dire souvent vers ceux dont la formation initiale est la moins importante.

Jean Pisani-Ferry

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La suite de l'article est disponible sur le site du Huffington Post

Auteurs

Jean Pisani-Ferry
Jean
Pisani-Ferry
Anciens auteurs de France Stratégie