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Publié le
Samedi 14 Décembre 2013
Dans le cadre du projet « Quelle France dans dix ans ? », le Commissariat général à la stratégie et à la prospective a tenu une réunion de travail consacrée à l’Outre-mer. Si les territoires ultramarins n’ont pas été absents de la réflexion générale au cœur des cinq chantiers transversaux, il était aussi nécessaire d’aborder leur spécificité, avec des représentants de la France d’Outre-mer.
Outre-Mer

Tracer un chemin pour les Outre-mer dans dix ans passe d’abord par une réponse forte à l’urgence sociale et environnementale, selon les participants. Le taux de chômage des jeunes dépasse les 50 %, l’illettrisme tend à progresser, le modèle économique basé sur les importations produit nombre d’effets pervers. Si le traitement des déchets fait quelques progrès, il demeure insuffisant, particulièrement dans certains territoires. « Mayotte devient une grande favela et la richesse du lagon peut être détruite d’ici cinq ans. » Près de 80 % de la population ultramarine vivant sur le littoral, les enjeux liés au changement climatique sont particulièrement prégnants.

Au-delà du rappel de cette réalité, les intervenants ont pointé les atouts de la France d’Outre-mer. En premier lieu, sa jeunesse, même si la Guadeloupe et la Martinique connaissent un vieillissement de leur population. « Faute de perspective, les jeunes qui le peuvent partent au Canada ou aux États-Unis ». Près de 50 % des jeunes guadeloupéens vivent dans l’hexagone, par exemple. C’est sur cette jeunesse que doit porter la priorité et lui offrir un destin implique de porter des « projets de développement » pour les territoires.

On ne valorise pas suffisamment leur potentialité, selon les intervenants. Grâce à ses Outre-mer, la France est la deuxième puissance maritime derrière les États-Unis, avec 11 millions de km² sur tous les océans. Ces territoires recèlent au large des hydrocarbures et des ressources précieuses, comme les « métaux mineurs et les terres rares », indispensables au développement d’industries comme la chimie, la pharmacie, l’aéronautique, les nouvelles technologies. « Si la France faisait valoir ses droits sur 2 millions de km² supplémentaires et accédait à ces richesses, cela pourrait profiter aux populations locales qui auraient là des opportunités de formation et d’emploi. »

D’autres ressources pourraient être mieux valorisées : la pêche, l’aquaculture, les énergies renouvelables (celles marines notamment), le tourisme. Les biotechnologies, industrie d’avenir, pourraient davantage tirer parti de la biodiversité ultramarine, qui contribue pour 80 % à la biodiversité française. Or elle est menacée : 50 % des mangroves et 20 % des coraux ont disparu.

L’essor de la France d’Outre-mer nécessite à la fois des investissements dans les infrastructures et une cohérence dans les politiques publiques. Le déploiement de filières locales dans le secteur agroalimentaire passe par exemple par un changement du modèle agricole, trop gourmand en produits phytosanitaires. Les participants ont insisté sur le développement de l’innovation, avec la construction d’une expertise locale, mais aussi sur celui des coopérations avec les pays voisins. Une des clés du désenclavement repose sur le numérique, avec par exemple des possibilités de formation à distance. «  À la maîtrise du français, incontournable, il faut ajouter celle de l’anglais. Peut-être que l’ambition serait d’avoir dans dix ans 80 % d’une classe d’âge ultramarine, bilingue ou trilingue. »

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