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Publié le
Mardi 29 Octobre 2013
Les débats nationaux organisés par le Commissariat général à la stratégie et à la prospective pour imaginer « La France dans dix ans » se sont poursuivis avec un second round consacré au devenir du modèle productif. Comment et que doit produire notre pays, dont l’industrie décline depuis plusieurs années, pour être compétitif sur la scène économique mondiale et créer des emplois ?
Quel modèle productif dans 10 ans?

Les experts, les partenaires sociaux, les élus conviés au débat ont partagé un même constat. Le modèle productif français s’est essoufflé au fil des ans, mettant en jeu la compétitivité du pays. Sa balance commerciale accuse un déficit important, et ce dans beaucoup de secteurs industriels. « La France s’est endormie. »

Si les atouts ne manquent pas, avec de grandes entreprises internationales championnes dans leur spécialité (comme dans la construction ou l’aéronautique), les participants ont relevé nombre de points faibles. La France n’a pas suffisamment investi dans les machines et les équipements, comparé à l’Allemagne ou aux Etats-Unis.

Les entreprises, en particulier celles exposées à la concurrence internationale ont vu leurs marges diminuer sensiblement. Concernant les coûts de production, le diagnostic ne fait pas l’unanimité : « Il faut les regarder dans leur ensemble et pas seulement pointer le coût du travail. » Et la réduction des marges peut tenir tout autant à la répartition inégale entre la rémunération des dividendes et celle du travail.

La mobilité des salariés, notamment vers des secteurs plus porteurs est grippée, à cause de nombreuses raisons dont l’augmentation des prix du logement (plus forte qu’en Allemagne) et une politique axée sur l’accès à la propriété.

La dynamique de l’innovation est freinée d’une part par l’excès de réglementation, d’autre part par l’inadéquation entre la formation initiale ou professionnelle et les besoins des employeurs. « Dans le numérique, le système peine à fournir les bataillons de compétences nécessaires. » Une rénovation de la formation s’impose, en explorant peut-être des pistes plus souples, comme la certification des savoir-faire acquis sur le terrain.

Pour des raisons de complexité administrative et de coûts, les PME ne grandissent pas. Ou bien, lorsqu’elles ont atteint une taille critique, elles sont rachetées par des grands groupes. Si bien que le tissu d’entreprises de dimension intermédiaire, un des piliers de la réussite économique allemande, fait défaut. On aboutit à une situation où « la prise de risque est assurée par les petites structures et la gestion de la rente par les grandes. » La plupart des participants ont enfin déploré le manque d’évaluation des politiques publiques de soutien.

Quelles sont les promesses de la « troisième révolution industrielle » et comment la France peut-elle prendre ce tournant ? L’évolution des technologies permettra de réinventer tous les produits, à l’image du « verre intelligent » qui pourra équiper la voiture de parebrise sans essuie-glace. La frontière entre l’industrie et les services s’estompe, les deux étant davantage imbriqués : « On ne vend plus seulement des médicaments mais de la santé. ». La croissance d’une économie de services nécessite de la production de biens en amont. Par exemple, « pour que les personnes âgées aient une fin de vie digne à domicile, il faut développer à la fois les services à la personne mais aussi la domotique et la robotique. »

La différence sera moins entre industrie et services qu’entre activités de haute technologie et de faible technologie, avec ces emplois très qualifiés dans l’un et peu dans l’autre. La nouvelle économie draine les deux : « Derrière le géant de l’Internet, Amazon, il y a des plateformes logistiques avec de la main d’œuvre. »

Dans ce nouveau contexte, quels peuvent être les leviers de l’action publique ? Certains ont défendu la nécessité d’un Etat stratège qui fixe le cap et qui coordonne, une nécessité pour un système productif performant. « Avoir une feuille de route par métiers permet de mobiliser. » D’autres estiment qu’il ne doit être ni stratège, ni banquier mais un régulateur.

Aider les PME à se développer, innover et à exporter, par exemple par des politiques fiscales différenciées et des financements adaptés, est une nécessité aux yeux d’une partie des intervenants. Une autre part juge au contraire que ce n’est pas tant la taille qui comptera demain mais la diversité des entreprises et leur mise en réseau, à l’échelle d’un territoire, ce qui suppose un environnement réglementaire stable.

Placer le capital humain au centre des organisations devient également un enjeu. « La productivité du travail repose sur la motivation des salariés. » Si ces derniers sont partie prenante de la création de valeur, ils doivent aussi bénéficier de son partage. Facteur essentiel de la compétitivité, la « responsabilité sociale de l’entreprise », en faisant notamment davantage participer les représentants des salariés, devrait être amplifiée.

 

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