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Publié le
Mercredi 27 Novembre 2013
Quelle France dans 10 ans ? Contribution de Dominique Méda, philosophe et sociologue, dans le cadre du projet "Quelle France dans 10 ans ?" - Note d'introduction

 

Dominique Méda

Réactions sur le document général : Quelle France dans 10 ans ? , 19 aout 2013

Voici quelques remarques générales sur la note du 19 août 2013. Si l’ampleur du travail réalisé doit être soulignée et si de nombreux points permettent de dresser un contexte général qui rend bien compte d’un certain nombre de caractéristiques du modèle français, cette note souhaite s’attarder sur les absences ou les éventuelles insuffisances repérées.

Mes réflexions s’articulent autour des points suivants :

  • Le rapport ne semble pas s’articuler autour d’un objectif prioritaire à l’atteinte duquel tout le reste serait subordonné. Or, au moins deux éléments sont susceptibles de jouer ce rôle : la diminution radicale du chômage et la réduction du risque de dérèglement climatique. Poursuivre les deux en les articulant pourrait constituer une formidable ambition. Ma première critique est donc celle-ci : il n’y a pas d’objectif prioritaire ; la question du risque de dérèglement climatique n’est quasiment pas évoquée, elle arrive très loin dans le texte et dans un rôle secondaire. De même la lutte contre le chômage ne constitue pas un point central.  ou L’éventualité d’un dérèglement climatique majeur
  • Les différentes parties et plus tard les différentes notes qui déclinent le rapport central sont traitées en tuyau d’orgue, cloisonnées, et donc non cohérentes. Si l’une des notes évoque les risques de dérèglement climatique et plus généralement ce que l’on pourrait appeler la crise écologique, dont la résolution remet frontalement en cause la conception classique de la croissance et le caractère désirable de taux de croissance élevés, le reste du texte continue à en appeler à un retour de la croissance comme mécanisme principal dont attendre la sortie de crise. Le fait que la croissance risque de ne pas revenir aux taux antérieurs ou qu’il ne soit pas souhaitable qu’il en aille ainsi n’est pas évoqué. La question centrale d’un possible découplage entre croissance et réduction des gaz à effet de serre, de la possibilité d’une division par quatre des émissions de GES à horizon 2050, d’une prospérité sans croissance ne sont absolument pas évoqués.
  • D’une manière générale, l’approche privilégiée est quasi exclusivement économique, voire comptable et plutôt mainstream. Il est très peu fait allusion à des positions ou des raisonnements non centralement économiques ou appartenant à des courants hérérodoxes de l’économie. On reste dans une logique très classique de poursuite des tendances antérieures à la crise : croissance, mondialisation, investissements étrangers en France, logique de compétition et d’affirmation de la puissance versus coopération. Aucune bifurcation ne semble nécessaire. La seule question semble êre la sortie de crise et le retour au business as usual. L’idée d’un changement de modèle relativement radical n’est pas évoquée.
  • Il est dit très peu de choses sur la manière dont les règles, institutions et Traités européens rendent actuellement les marges de manoeuvre des Etats-membres très étroites et dont on pourrait envisager des changements à ce niveau : démocratisation des institutions européennes, fédéralisme, nouveau partage de compétences, européanisation de la fiscalité, voire sortie de l’euro…Les différents scénarios possibles ne sont pas évoqués.
  • Enfin, le raisonnement s’inscrit exclusivement dans une perspective (certes bien actuelle) de compétition voire de guerre économique, qu’il s’agisse du niveau mondial ou européen. Les indicateurs mobilisés pour illustrer la position respective des Etats sont légion et visent tous à mesurer la puissance relative de chaque Etat ramenée à quelques indicateurs classiques. L’idée que l’on pourrait substituer à cette approche en termes de compétition une approche en terme de coopération n’est âs envisagée.

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