Le CGSP, dans sa Contribution au séminaire gouvernemental du 19 août 2013 et ses cinq Notes thématiques , formule excellemment constats, diagnostics prospectifs et grandes options, sur des bases fort bien documentées. Chacun de ces documents incite à la réflexion et aux suggestions ; cet exercice est motivant. Cependant l’objet de la présente contribution n’est pas de formuler des commentaires circonstanciés terme à terme ; il est de présenter sous une forme résumée ce qui, à mon avis, constitue les racines profondes de la double crise, socio-économique et européenne, qui affecte la France et d’indiquer les voies dans lesquelles il conviendrait en conséquence de rechercher des solutions.
Refonder la solidarité en France et en Europe
La France est doublement affectée, par la crise internationale (sinon mondiale), d’abord financière puis socio-économique, qui a éclaté au grand jour avec la faillite de Lehman-Brothers le 15 septembre 2008, et par la crise propre à la zone euro qui sévit depuis 2010. Il est donc particulièrement important d’identifier les racines profondes de ces deux crises emboîtées. La première conduit à s’interroger sur la dynamique des inégalités sociales (§1) au sein des différents pays notamment occidentaux ; la deuxième à revisiter les conditions de soutenabilité d’une zone monétaire dont chacun savait qu’elle n’est pas optimale (§2).
1. La question essentielle des inégalités
La question des inégalités sociales requiert l’attention pour deux raisons qui se confortent.
La première procède de la philosophie de la justice sociale.
Elle est fort bien exprimée dans les contributions au débat CGSP de Philippe Van Parijs et de François Dubet qui, outre leurs propres travaux, citent ceux de John Rawls et Ronald Dworkin , ainsi que ceux d’Emile Durkheim et Pierre Rosanvallon. Extraits de Philippe Van Parijs, « Discrimination et justice distributive » : « Selon Rawls, le principe d’égalité des chances requiert qu’à talents donnés, c’est-à-dire à aptitudes égales, les possibilités d’accès à toutes les positions sociales soient égales pour toutes et tous…Quant au principe de différence, il stipule que ….le niveau des avantages socio-économiques peut différer d’une position sociale à une autre, mais seulement si cette inégalité contribue à améliorer le niveau qui peut être durablement assuré à la position la moins favorisée. Aucune violation du principe d’égalité des chances ne peut se justifier par une réalisation meilleure du principe de différence». Extrait de François Dubet, « Inégalités et solidarité » : « Il faut que la volonté d’égalité soit associée à un sentiment de solidarité et de fraternité, au fait que l’égalité est désirable parce que les individus ont quelque chose de semblable, qu’ils sont liés par un destin commun, que leur bonheur privé dépend de leur bonheur public ».
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