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Point de vue
Publié le
Lundi 07 Mars 2016
Lorsque le Royaume-Uni a rejoint ce qu’on appelait encore la Communauté économique européenne, en 1973, il était à l’arrière-garde de l’intégration européenne. La question soulevée par le référendum de juin prochain sur le maintien dans l’Union est désormais celle-ci : les Britanniques formeront-ils l’avant-garde de sa désintégration ?
Is Europe Worth the Effort?

Le problème n’est pas tant celui l’accord assez insignifiant récemment conclu par le Premier ministre David Cameron avec ses collègues de l’UE. Il est en effet difficile de croire que c’est le jugement des Britanniques sur cet accord qui déterminera le choix fatidique de juin. La vraie question est de savoir si l’appartenance à l’UE présente encore suffisamment d’avantages pour compenser la perte de souveraineté qu’elle entraîne.

Le débat va bien au-delà du cas britannique. Beaucoup, dans l’Union, ont pourtant du mal à répondre à la question, car ce qui touche à l’Europe conserve une forte charge émotionnelle. Il n’y a qu’en Grande Bretagne qu’un ministre issu du même parti que celui qui fit entrer le pays dans l’UE peut appeler à en sortir. Aucun dirigeant des partis de gouvernement, en Allemagne, en France ou en Espagne, n’oserait mettre ouvertement le sujet sur la table, encore moins plaider pour le divorce.

Mais la question ne peut être ignorée. Dans la plupart des pays de l’UE, des pans entiers de l’opinion publique expriment leur insatisfaction vis-à-vis de l’Union et leur sympathie croissante pour les sirènes nationalistes. À quoi de nombreux responsables politiques répondent par de grands discours pro-européens doublés de solutions purement nationales. Cette position incohérente – quand elle n’est pas cynique – conduit l’Europe dans l’impasse. Celle-ci ne peut ni faire marche avancer ni reculer, et elle ne satisfait personne.

Espérons au moins, maintenant qu’il est ouvert, que le vif  débat britannique sur l’appartenance à l’UE sera assez honnête pour que chacun puisse en s’y instruire. Les avantages économiques que confère la qualité de membre de l’UE doivent être sérieusement discutés.

Les économistes voient l’intégration régionale comme un arbitrage entre les économies d’échelle et les préférences de chacun. Des pays qui s’associent gagnent en efficacité et en influence, mais doivent consentir à des politiques qui ne correspondent pas exactement à ce qu’ils auraient choisi eux-mêmes. Ainsi, leurs entreprises ont accès à un marché plus vaste et leurs consommateurs bénéficient de prix réduits, mais dans un cadre réglementaire qui ne leur donne pas entière satisfaction. C’est un peu comme lorsque vous partagez un appartement : vous réduisez les coûts, mais vous devez vous adapter aux habitudes de vos colocataires.

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Traduction par François Boivison
 

Auteurs

Jean Pisani-Ferry
Jean
Pisani-Ferry
Anciens auteurs de France Stratégie

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