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Point de vue
Publié le
Jeudi 06 Mars 2014
Par Nicolas Charles et Quentin Delpech, chargés de mission au département Travail Emploi du Commissariat général à la stratégie et à la prospective.
L'internationalisation de l'enseignement supérieur : les questions

L’enseignement supérieur se mondialise. Les effectifs d’étudiants dans le monde ont doublé sur la période 2000-2010 avec une croissance de plus de 80 millions. Et cette évolution concerne de plus en plus les pays du Sud : 50 % de cette croissance, soit 40 millions d’étudiants incombe aux seuls quatre pays des BRIC. Cette massification de l’enseignement supérieur devrait d’ailleurs s’accroître sous l’effet de la croissance de la jeunesse et le développement des classes moyennes des pays émergents.

Toujours plus nombreux, les étudiants seront aussi toujours plus mobiles. Le nombre d’étudiants internationaux a plus que doublé entre 1999 et 2010 atteignant alors près de 3,2 millions d’étudiants. Cette mobilité internationale devrait se poursuivre pour atteindre, selon certaines estimations, 7,2 millions d’étudiants en 2025.

La France est une des premières destinations pour ces étudiants en mobilité. En accueillant 260 000 étudiants étrangers en 2010, la France capte 6,3 % de la mobilité internationale étudiante, mais les pays anglo-saxons restent les acteurs dominants de l’internationalisation de l’enseignement supérieur. Les États-Unis restent, en 2010, le premier pays d’accueil des étudiants étrangers (16,6 %), devant le Royaume-Uni (13 %) et l’Australie (6,6 %).

Au-delà de la mobilité étudiante, de nouvelles formes d’internationalisation de l’enseignement supérieur ont émergé et se renforcent : l’enseignement en ligne à l’international, l’investissement à l’étranger des institutions éducatives (offshore education), sans compter la recherche et l’ensemble des services éducatifs.

La France a d’importants atouts à faire valoir dans cette compétition internationale. Dans la recherche tout d’abord, outre le niveau moyen de ses publications en termes de quantité, la France est particulièrement bien positionnée en matière de collaborations internationales. Le réseau français d’enseignement scolaire à l’étranger est parmi les plus étendus au monde. Près de 320 000 élèves sont scolarisés dans des établissements enseignant en français, dont plus de 50 % ne sont pas de nationalité française.

Les implications d’un approfondissement de l’internationalisation de l’enseignement supérieur sont multiples, tels la qualité de l’enseignement, les risques associés à la marchandisation d’un service public, la capacité et la volonté des acteurs, etc. Mais ces implications n’ont d’égal que les enjeux stratégiques que recouvre cette internationalisation. La France peut en effet retirer d’importants avantages à une participation accrue à l’internationalisation, en termes d’influence internationale, d’attraction des talents du monde entier, d’acquisition de technologies, ou encore de mobilisation de recettes.

La France est dans une position historiquement favorable, mais qui peine à prendre le virage des nouveaux modes d’internationalisation. Certes, les formations françaises s’exportent à l’étranger, notamment dans le management et les sciences de l’ingénieur, mais on est loin des 1400 formations transnationales britanniques accueillant à l’étranger plus de 450 000 étudiants. La France se dote de dispositifs publics de promotion de MOOCS, mais on reste loin des investissements matériels et technologiques consentis par d’autres pays. Les enjeux nécessitent pourtant qu’une stratégie ambitieuse soit rapidement menée dans ce domaine.  

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