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Publié le
Jeudi 07 Janvier 2016
C’est le 3 janvier 1946 que le Général de Gaulle, alors Président du gouvernement provisoire, créa, sur la proposition de Jean Monnet, le Commissariat général du Plan et lui fixa la mission de préparer la modernisation de la France.
Du Plan à France Stratégie

Les secteurs qui allaient quelques mois plus tard être retenus comme prioritaires – charbon, électricité, sidérurgie, ciment, machinisme agricole et transports intérieurs –, tout comme le mot de « plan », d’inspiration soviétique, évoquent un monde de rareté, dans lequel la prospérité se mesurait en tonnes et que l’État pouvait ambitionner de réguler par une programmation des quantités. Un monde qui n’a évidemment rien à voir avec celui qui est le nôtre aujourd’hui.

Il en va autrement si l’on s’intéresse aux objectifs et aux méthodes du Plan tel qu’il a existé depuis l’origine.

Qu’il s’agisse de son leitmotiv, « modernisation ou décadence », de la formule de Monnet, le premier des commissaires généraux, selon laquelle « on ne pourra pas transformer l’économie française sans que le peuple français participe à cette transformation », ou encore de la méthode du travail en commission associant fonctionnaires, ingénieurs, universitaires et partenaires sociaux, ce qui frappe est au contraire la modernité de l’entreprise engagée il y a soixante-dix ans dans l’hôtel élégant mais biscornu qui abrite aujourd’hui encore France Stratégie.

De 1946 à 2016, le Commissariat du Plan et les institutions qui lui ont succédé – le Centre d’analyse stratégique en 2006, puis le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie) en 2013, ont connu vicissitudes et succès. Mille rapports, sur les sujets les plus divers, ont ponctué ces décennies. Si beaucoup sont tombés dans l’oubli, plusieurs ont posé les jalons des évolutions économiques et sociales à venir, mobilisé les énergies et façonné de nouvelles politiques publiques.

Trop assimilés à une projection de croissance, perturbés par l’ouverture des frontières, mal adaptés aux alternances politiques et perçus comme trop dirigistes dans un monde en constante évolution, les plans quinquennaux ont fini par être abandonnés au début des années 1990. Mais l’institution est demeurée un lieu de réflexion prospective, de débat et d’élaboration de politiques nouvelles. Recentrée en 2006 sur une fonction d’expertise, elle a repris depuis 2013, avec la création de France Stratégie, une quadruple fonction d’anticipation, d’évaluation, de débat et de proposition.

Les commémorations prêtent facilement à la nostalgie. Tel n’est pas l’état d’esprit des équipes de France Stratégie. Si nous croyons fermement qu’il faut connaître son histoire et l’assumer, et si nous tirons quelque fierté de nous inscrire dans les traces des grands anciens qui ont fait la planification française, nous ne regrettons ni l’économie administrée, ni la société du rationnement. Le problème du monde n’est plus de manquer de charbon, mais d’en brûler trop. Comme nos prédécesseurs, mais dans notre temps, nous nous attachons à penser les transformations de notre pays, à éclairer l’avenir, à explorer des voies nouvelles. Et nous le faisons avec la volonté d’objectivité, le souci de transparence et la confiance en les vertus du débat qui ont, depuis l’origine, animé les équipes de la rue de Martignac.

C’est dans cet esprit que nous allons, tout au long de cette année, revisiter notre histoire, qui est aussi celle de ce pays. Parce qu’elle le mérite, et parce qu’elle est riche d’enseignements.

Nous allons le faire,

  • d’abord, en donnant accès à ce qu’elle a produit de meilleur : chaque semaine, un document marquant – rapport, note, étude, video – sera mis en ligne ;
  • ensuite, en passant la parole à ceux qui réfléchissent sur cette histoire, et notamment en organisant des dialogues entre des personnalités qui, à des moments divers, ont animé les réflexions de cette maison ;
  • enfin, en organisant deux colloques pour se projeter vers l’avenir, l’un sur la concertation et le débat, l’autre sur les méthodes de la prospective au xxie siècle.