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Publié le
Jeudi 06 Février 2014
Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective et l'OCDE ont organisé un séminaire commun : Réformes de croissance dans l’Union européenne: quelles priorités, quelle stratégie ?
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Date de publication: 
Jeudi 06 Février 2014
Réformes de croissance dans l’Union européenne: quelles priorités, quelle stratégie?

Ce séminaire du 4 février 2014, introduit par Jean Pisani-Ferry, s'est concentré sur la question très actuelle des réformes de croissance dans l’Union européenne.

Certes nécessaires pour accroître une croissance potentielle affaiblie, elles ne peuvent faire abstraction du cadre macroéconomique, comme la première table ronde l’a mis en évidence. A tout le moins, le calendrier de ces réformes paraît crucial, en particulier dans un environnement de demande atone et de budgets publics sous contrainte. Le bon « policy mix » de réformes structurelles permet de répondre à une « crise à trente ans » de l’État Providence, mais ne résout pas les deux « crises à dix ans » de l’endettement et de la divergence européenne. Quant à la crise « à cinq ans » de l’euro, elle rend incertaines les notions mêmes de croissance potentielle qui fondent la justification des réformes. Les propositions de réformes portent alors inévitablement sur une stabilisation de ce cadre macroéconomique européen, qu’il s’agisse d’un fonds européen public-privé destiné à financer des projets socialement utiles, d’une avancée institutionnelle dans la complétude de l’euro, de transferts entre pays conditionnés à des réformes de structures (contractuelles ou non) ou enfin d’une re-décentralisation des politiques européennes à l’échelon national, couplée à un investissement massif dans des biens non échangeables dans les pays du Sud. In fine, le temps politique semble dominer l’analyse économique pour la mise en œuvre effective de transformations économiques et sociales profondes.

S’il n’existe à l’évidence pas de stratégie unique de réforme, cette diversité ne doit pas occulter la nécessaire cohérence des choix, en lien avec l’hétérogénéité des préférences. La complexité des interactions directes et indirectes des réformes entre elles et avec les structures sociales existantes appelle à une réflexion de méthode, à laquelle la seconde table ronde a apporté des éléments éclairants. En particulier l’interaction des réformes avec les choix sociaux et économique, l’équité, l’environnement et les aspects territoriaux de l’économie a été abordée. En est ressortie une dichotomie importante des propositions suivant : la vision de la crise actuelle comme une crise structurelle du capitalisme des dernières décennies ou simplement une forte crise cyclique (avec des impacts évidemment très différents en termes de réformes de croissance, notamment sur les critères environnementaux ou sociaux) ; suivant la vision de la politique industrielle comme devant viser à la concurrence pure et parfaite de la théorie néo-classique ou à un processus de coopération/compétition dans lequel l’État et les collectivités territoriales (et en particulier un échelon régional redessiné) peuvent jouer un rôle clé sans avoir à opérer eux-mêmes des choix sectoriels ou technologiques ; dichotomie enfin suivant la liberté existante dans la fixation de l’environnement macroéconomique pour mener à bien des réformes de structures, autorisant ou non un échelonnement des consolidations fiscales et des réformes de structures.

La conclusion est venue souligner la concentration des débats sur des questions macroéconomiques européennes, qui auraient certainement justifié une conférence propres. Le détail des réformes structurelles, de leurs effets de composition avec les politiques budgétaires, des conditions institutionnelles pour leur succès (en termes de justice civile, d’absence de corruption, d’État de droit), aura finalement été abordé à la marge. Quant au bon moment politique de mise en œuvre, il reste à ce jour sans réponse. Il conviendrait finalement de s’interroger sur la forme institutionnelle d’une Europe qui soutiendrait ces réformes de croissance.

Etienne Espagne, Chargé de mission, CGSP

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