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Publié le
Lundi 25 Novembre 2013
Le tour de France du Commissariat à la stratégie et à la prospective dans le cadre du projet « Quelle France dans dix ans ? » a fait étape à Lyon pour un débat sur le modèle productif. Dans cette agglomération à la longue tradition industrielle, de la soie hier aux biotechnologies aujourd’hui, qui compte un nombre important de pôles de compétitivité, deux tables rondes ont abordé le sujet crucial de l’innovation « pour s’adapter aux grandes ruptures technologiques » et « pour ouvrir de nouveaux marchés ».
Retour sur le débat régional à Lyon

Pour les acteurs lyonnais, grandes entreprises ou start-up, la clé de la réussite industrielle repose sur deux piliers : l’innovation et le développement sur les marchés internationaux. La conception de l’innovation s’est profondément renouvelée ces dernières années, ont rappelé les intervenants. Elle ne se cantonne pas à l’invention de nouveaux produits ou technologies mais irrigue aussi les procédés de fabrication, la qualité, le marketing, le commercial. « Pour que l’innovation marche, il faut rendre l’imitation difficile, estime Bruno Rousset, PDG des assurances APRIL. Dans un métier où les contrats se copient facilement, nous nous sommes démarqués par notre positionnement dans la chaîne de valeur, par l’engagement de service auprès des clients, par un management donnant des responsabilités au premier niveau des collaborateurs. »

La concurrence des pays émergents joue un rôle d’aiguillon. Le groupe de chimie Solvay, qui fabrique de la vanille de synthèse (entre autres), a dû revoir sa stratégie à partir du moment où des entreprises chinoises en ont produit à bas coût : « Nous nous sommes réinventés en jouant la carte de la sécurité alimentaire avec la mise en place d’une traçabilité et en vendant aux professionnels non plus simplement un arôme mais une solution permettant de faire des pâtisseries contenant moins de graisses et de sucre. » relate Pascal Juery, membre du comité exécutif. Ceci a signé le « renouveau de la vanille de Saint-Fons », y compris de son usine de conditionnement qui ressemble aux salles blanches aseptisées où l’on réalise les microprocesseurs.

Les perspectives de la science n’ont jamais été aussi prometteuses mais également terriblement complexes. Il est désormais impossible qu’elles soient développées par un seul acteur. Les entreprises doivent sortir d’un mode de travail vertical, avec peu de contacts à l’extérieur et un maximum de contrôle. L’heure de « l’innovation ouverte » a résolument sonné. Chez SEB, elle se traduit notamment par la création d’un fonds de capital-risque qui finance des start-up : « La coopération avec ces petites structures devient indispensable car ce sont elles qui donnent les signaux faibles de l’innovation. » remarque Bertrand Neuschwander, directeur général adjoint du groupe d’électroménager. Néanmoins la contractualisation avec les grandes entreprises sur des projets ne va pas de soi,  selon Hugues de Bantel, directeur général de The Cosmo Company, spécialiste de la modélisation urbaine en 3D : « Les start-up et les groupes ne vivent pas dans la même temporalité et ces derniers ne sont pas toujours prêts à travailler de façon agile. »

La puissance du modèle collaboratif s’impose pour faire sauter plus rapidement les verrous technologiques. « Les chefs d’entreprise n’ont que peu le réflexe d’aller voir ce qui se passe dans les laboratoires de recherche, dont les travaux demeurent assez opaques. » note Laurent Fiard, co-président de Visiatif, un éditeur de logiciels. Les pôles de compétitivité jouent ce rôle de pont entre le monde académique et celui des entreprises. Mais il faut parfois aller plus loin pour fluidifier les collaborations : « En France, créer un continuum entre la recherche fondamentale et les applications industrielles reste difficile, témoigne Philippe Archinard, président de Lyon Biopôle. Pour faire du développement, il paraît intéressant d’avoir des infrastructures partagées. C’est pourquoi nous avons créé, pour le centre des maladies infectieuses, un hôtel à projets R&D afin de mettre les compétences sous le même toit. »

Le mode collaboratif pourrait également être un vecteur pour pénétrer le marché mondial. Plutôt que de favoriser l’éclosion d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) qui peuvent montrer des fragilités, Bruno Bonnell, PDG de Robopolis, société spécialisée dans les robots à usage domestique, préconise d’accroître les échanges inter-entreprises pour « aller chercher les marchés en meute ». Qu’elles soient grandes ou moyennes, les entreprises doivent d’emblée avoir une vision globale de leur développement et pas seulement franco-française : « C’est en regardant le marché international et pas seulement le marché local que l’on peut assurer de la création d’emploi ici, poursuit Bruno Bonnell. Il faut aller prendre des territoires, en dépit de la barrière de la langue. L’Afrique francophone en est un que les entreprises chinoises investissent en force. »

Voilà autant de pistes pour mettre en œuvre « le chaînon manquant » entre l’idée qui germe dans un laboratoire et la réalisation d’un produit ou d’un service, entre l’innovation et son industrialisation sur le territoire.

 

 

 

 

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