La crise du système électrique européen
Mardi 28 janvier 2014 à 11h00 au Commissariat général à la stratégie et à la prospective 18, rue de Martignac – 75007 Paris
En présence de Marc-Oliver Bettzüge (EWI - Allemagne) et Fabien Roques (Compass Lexecon - France)
Lorsqu’il a été institué dans les années 1990 , le marché intérieur de l’électricité de l’Union européenne avait pour ambition de faire baisser le prix de l’électricité pour les consommateurs finaux grâce à la libéralisation du secteur.
Les Etats ont ensuite adopté, en 2008, le paquet climat-énergie afin de diriger l’économie européenne vers une économie performante et sobre en carbone. Si l’enthousiasme était de mise à l’époque, la crise que traverse l’Europe depuis 2008 semble avoir miné les objectifs de cette politique climatique et énergétique.
Aujourd’hui, le système électrique européen est en crise. La surproduction, imputable à la baisse de la demande et au déploiement rapide des énergies renouvelables, entraine une chute du prix de gros de l’électricité et une mise sous cocon, voire une fermeture, d’un grand nombre de centrales électriques, devenues non rentables. Dans le même temps, le prix de l’électricité pour les ménages et les entreprises augmente : ce sont eux qui supportent le coût des dispositifs de soutien aux énergies renouvelables. Par ailleurs, suite à l’effondrement du prix du carbone sur le marché des quotas et à la baisse des prix mondiaux du charbon, la part du charbon dans la production d’électricité augmente dans de nombreux pays européens, faisant ainsi croître les émissions de CO2. Les objectifs de la politique énergétique et climatique européenne (sécurité d’approvisionnement, préservation du pouvoir d’achat et de la compétitivité, lutte contre les émissions de gaz à effet de serre) sont donc sérieusement menacés.
La situation pourrait empirer à l’avenir. D’importants investissements sont nécessaires pour décarboner le secteur et remplacer les unités de production vieillissantes. Pourtant, avec un prix de gros trop bas, les investissements ne sont pas stimulés et le secteur est considéré comme non rentable. Le prix pour les utilisateurs finaux pourrait donc continuer à augmenter et les industries européennes pourraient encore perdre en compétitivité. Par ailleurs, puisque les énergies renouvelables sont souvent subventionnées hors marché, le prix de détail va continuer à augmenter.
Dans ce rapport organisé en quatre chapitres, le Commissariat général à la stratégie et à la prospective développe son point de vue et formule des propositions et, dans les chapitres suivants, les économistes sollicités (Marc-Oliver Bettzüge, Dieter Helm et Fabien Roques) établissent un diagnostic de la crise actuelle des marchés européens de l’électricité et émettent des recommandations à court et long terme pour tendre vers un marché de l’électricité européen et un cadre politique durables.
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