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Interventions média
Publié le
Jeudi 11 Décembre 2014
Une tribune de Marine Boisson-Cohen et Bruno Palier publiée sur le site du Huffington Post.
Le Huffington Post

Le débat sur des réponses sociales communes, à l’échelle de la zone euro ou de l’Union européenne (UE), a regagné en intensité après la crise des dettes de 2010-2011, avec la réévaluation des difficultés rencontrées depuis 2008 et de leur composante structurelle. Alors que l’Europe est aux prises avec une faible croissance et un nouveau phénomène de divergences sociales et de l’emploi, ces constats ravivent le débat sur la place du social dans la construction européenne : faut-il des réponses sociales communes à la crise ? Si oui, lesquelles privilégier ?

 

Risque de stagnation et nouveau phénomène de divergence

L’Europe, et plus particulièrement la zone euro, risque de connaître une « décennie perdue » en termes de croissance. La croissance économique s’affaiblit depuis le printemps 2014, quand les conditions d’une reprise plus soutenue semblaient encore réunies mi-2013. En novembre, la Commission européenne a abaissé ses prévisions de croissance pour la zone euro à 0,8 % cette année et 1,1 % en 2015 – respectivement 1,3 % et 1,5 % pour l’Union européenne.

 

Les évolutions récentes en matière sociale et d’emploi en Europe ne sont plus caractérisées par un rapprochement progressif des situations entre les États membres les plus performants et les moins avancés. Depuis 2008, les pays du nord de l’Europe (autour de l’Allemagne, de l’Autriche, des pays nordiques et de certains pays de l’Est proches de l’Allemagne) ont été plus résilients face à la crise que les pays de la périphérie Sud et Est de l’Europe. Les écarts se creusent sur différentes dimensions – l’emploi, la pauvreté, la situation de la jeunesse. La dynamique de convergence entre États membres, qui a longtemps accompagné le processus d’intégration européenne, est en panne.

 

C’est au sein de la zone euro que les divergences sont les plus marquées, particulièrement en matière d’emploi et de chômage (cartes 1 et 2). À l’automne 2014, les taux de chômage, notamment celui des jeunes (15-24 ans), demeurent à des niveaux historiquement élevés, à toujours respectivement plus de 10 % et 20 % dans l’UE-28 (11,5 % et 23,3 % dans la zone euro) ; mais ces moyennes recouvrent d’importantes disparités : les taux de chômage s’échelonnent de 5 % en Allemagne – mieux qu’avant-crise – et en Autriche, à 24 % en Espagne et 26,4 % en Grèce (pour ceux des jeunes, de 7,6 % en Allemagne et 9,1 % en Autriche, à 53,7 % en Espagne et 50,7 % en Grèce).  

 

Un nouvel agenda social européen

Alors qu’après les avancées des années 1980 et 1990, l’Europe sociale a été mise en sommeil dans les années 2000, l’idée d’un « contrat social » pour l’Union européenne et la zone euro opère son retour pour trois raisons fondamentales.

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