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Communiqués de presse
Publié le
Vendredi 21 Septembre 2018
Pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050, notre pays devra éliminer, ou tout au moins réduire très fortement son utilisation de charbon, de pétrole, mais aussi de gaz d’origine fossile. Ce dernier est à l’origine de 20 % de nos émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est pourquoi il est nécessaire de s’interroger dès aujourd’hui sur la place qu’il occupe dans notre consommation d’énergie.
Quelle place pour le gaz dans la transition énergétique ?

Dans nombre de pays qui recourent fortement au charbon, en particulier pour produire leur électricité (Allemagne, États-Unis, Chine, Inde…), et même si cette solution ne peut être que transitoire puisqu’elle repose encore sur les hydrocarbures, le développement du gaz fait sens s’il vient remplacer le charbon, nettement plus émetteur de GES.

La question se pose de manière différente en France : le mix de production d’électricité est déjà décarboné et ses dernières centrales à charbon vont bientôt s’arrêter. Dans ces conditions, nous ne pouvons baisser nos émissions de CO2 qu’en sortant progressivement du gaz (et du pétrole) d’origine fossile par des actions d’efficacité énergétique, par l’emploi d’autres énergies et par son remplacement par du gaz renouvelable (neutre en carbone). Cependant, les technologies envisageables font face à des défis économiques et de disponibilité de la ressource : le surcoût annuel se chiffrerait en dizaines de milliards d’euros si tout le gaz d’origine fossile était aujourd’hui verdi.

La biométhanisation permet aux agriculteurs d’utiliser les déjections animales pour traiter leurs déchets, diminuer fortement leur consommation d’engrais chimiques et produire du gaz – mais selon les installations de deux à cinq fois plus cher que le gaz naturel. Son utilisation est aujourd’hui marginale. Pour France Stratégie, il faut poursuivre son développement, en en abaissant les coûts.

La pyrogazéification (la transformation du bois en gaz) et la méthanation (la fabrication de gaz naturel de synthèse par adjonction de CO à de l’hydrogène produit par électrolyse) sont encore expérimentales ; elles doivent faire l’objet d’investissements en R&D afin de les rendre moins onéreuses et compétitives par rapport aux autres sources d’énergie.

Pour permettre un véritable débat sur le devenir du gaz dans notre mix énergétique, il est nécessaire de documenter plus avant les coûts des différents scénarios possibles de pénétration du gaz renouvelable ainsi que leurs conséquences sur l’ensemble du système énergétique.

Aujourd’hui, la moitié de notre consommation de gaz (50 %) est destinée aux secteurs résidentiel et tertiaire (chauffage des habitations et de bureaux, eau chaude sanitaire, cuisson). S’il n’est pas envisageable à court terme de se passer du gaz pour le chauffage – d’autant que la priorité consiste à rénover les plus de trois millions de logements encore chauffés au fuel –, il convient de songer à des scénarios où sa place se réduirait. La réglementation thermique des bâtiments doit être modifiée en conséquence, pour encourager auprès des particuliers les solutions les moins émettrices de CO2 .

Au final, le remplacement du gaz fossile par du gaz renouvelable relève encore largement du pari. Si celui-ci réussit, il ne sera pas difficile de trouver des débouchés. Dans le cas contraire, si on ne réduit pas suffisamment à temps les usages du gaz fossile, la neutralité carbone ne pourra pas être atteinte en 2050.