Back to
Point de vue
Publié le
Jeudi 12 Mars 2015
Une sortie de la Grèce de la zone euro ne déclencherait peut-être pas une réaction en chaîne, mais elle affaiblirait assurément l'union économique et monétaire. Par Jean Pisani-Ferry, Commissaire général de France Stratégie.
Jean Pisani-Ferry

Fin février, après d'âpres discussions, le nouveau gouvernement grec et ses créanciers de la zone euro sont parvenus à un accord qui associe mesures immédiates et prolongation pour quatre mois du programme d'aide financière. Le soupir de soulagement a été général. Cependant, ce compromis ne fait pas disparaître la nécessité de négociations plus approfondies sur un nouveau programme d'aide financière qui pourrait intervenir fin juin. Ces discussions seront au moins aussi difficiles.

Dans toute négociation, le prix d'un échec est le facteur clé qui influe sur le comportement des parties. Ici, ce prix est celui d'une sortie de la Grèce de la zone euro (Grexit) - une perspective largement couverte par les médias lors des récentes négociations, avec quantité de spéculations sur la position des différents protagonistes -- notamment les gouvernements grec et allemand.

Deux points de vue opposés

Du point de vue de la Grèce, une sortie de la zone euro susciterait une vague de turbulences, c'est pourquoi cette solution ne trouve guère de partisans dans le pays. Mais quel en serait le prix pour le reste de la zone euro ? Depuis que cette question a été soulevée en 2011-2012, deux points de vue opposés s'affrontent.

Le premier repose sur la théorie des dominos. En cas de sortie de la Grèce, les marchés se demanderaient immédiatement quel pays va suivre. D'autres pays de la zone se trouveraient alors menacés, comme cela s'est passé lors de la crise sur les devises asiatiques en 1997-1998 ou de celle de la dette souveraine européenne en 2012-2013. Ce scénario pourrait aboutir à la désintégration de la zone euro.

Le deuxième point de vue -- qualifié parfois de "théorie du ballast" -- soutient que la sortie de la Grèce renforcerait la zone euro. L'union monétaire serait débarrassée d'un problème récurrent, et la décision d'autoriser -- ou d'inviter -- la Grèce à sortir renforcerait la crédibilité des règles communes. Après une sortie grecque, aucun pays n'oserait plus faire du chantage auprès de ses partenaires.

La probabilité d'une réaction en chaîne beaucoup plus faible...

En 2012, la théorie des dominos a paru suffisamment réaliste pour que les pays créanciers rejettent l'idée d'une sortie de la Grèce. Après s'être penchée sur la question durant tout l'été, la chancelière allemande Angela Merkel est allée à Athènes pour exprimer "son espoir et son souhait" que le pays reste dans la zone euro.

Mais aujourd'hui la situation a changé : les tensions sur les marchés se sont considérablement atténuées, l'Irlande et le Portugal n'ont plus besoin de programme d'aide, le système financier de la zone euro a été renforcé par la décision d'aller vers une union bancaire et les outils de gestion de crises sont en place. La probabilité d'une réaction en chaîne déclenchée par une sortie de la Grèce est beaucoup plus faible.

[...] Lire la suite sur LaTribune.fr

Auteurs

Jean Pisani-Ferry
Jean
Pisani-Ferry
Anciens auteurs de France Stratégie
Tous nos travaux sur  :