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Espace presse
Communiqués de presse
Publié le
Vendredi 11 Mars 2016
France Stratégie souhaite analyser les enjeux de la décennie qui suivra la prochaine élection présidentielle afin d’éclairer les choix collectifs. Publications, débats, appels à contributions sont disponibles en ligne www.francestrategie1727.fr. France Stratégie publie aujourd’hui deux notes « état des lieux » : "Compétitivité : que reste-t-il à faire ?" et "Nouvelles formes du travail et protection des actifs".
2017/2027 : www.francestrategie1727.fr

Compétitivité : que reste-t-il à faire ?

Tout au long de la décennie 2000, la compétitivité de la France s’est dégradée, avec pour conséquences l’accumulation de déficits extérieurs et une augmentation de l’endettement extérieur net.

Son redressement a été porté au premier rang des objectifs de la politique économique. Des mesures d’ampleur ont été mises en œuvre en son nom, notamment le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et le Pacte de responsabilité.

Un rééquilibrage s’observe : nos parts de marché se sont stabilisées, le déficit commercial a diminué, l’écart de compétitivité-coût avec l’Allemagne, principal concurrent sur les marchés tiers, s’est réduit, et les entreprises reconstituent leurs marges. Pour autant, il n’est pas possible de dire que notre problème de compétitivité est désormais derrière nous :

  • le rétablissement des coûts salariaux relatifs est à confirmer. Des progrès ont été réalisés, grâce à la hausse des salaires outre-Rhin et à nos propres efforts. Mais la hausse des salaires allemands pourrait n’être que temporaire, tandis que l’Espagne et l’Italie se sont engagées dans des politiques de compression salariale ;
  • le secteur exportateur continue de souffrir d’un coût élevé des intrants non salariaux, en particulier des prix de l’immobilier et des services aux entreprises ;
  • les dysfonctionnements de la régulation salariale au sein de la zone euro n’ont pas été résolus, bien qu’ils aient été l’une des origines de la crise. Rien n’assure que les évolutions nominales des différents pays soient en cohérence avec leurs compétitivités relatives ;
  • la compétitivité hors-prix des entreprises est insuffisante. Plusieurs problèmes freinent ses progrès : un déficit de compétences dans la population active, des déficiences du management des entreprises, la trop faible diffusion du numérique au sein du tissu productif, la complexité d’un cadre réglementaire insuffisamment propice au développement des jeunes entreprises innovantes.

Les prochaines années vont continuer d’être marquées par l’impératif de compétitivité. En particulier, les enjeux d’innovation et de qualité seront décisifs dans le contexte de la transition numérique.

Nouvelles formes du travail et protection des actifs

Les mutations du travail s’accélèrent. Les parcours professionnels sont davantage heurtés, assortis de changements de statut, d’épisodes de chômage et de pluriactivité récurrents, les contrats courts dominent l’embauche. Parallèlement s’observent un certain renouveau du travail indépendant et, depuis peu, l’émergence des plateformes numériques qui conduisent à une diversification des formes d’emploi. Une  transformation de la nature même de l’entreprise et du travail se profile. Ces mutations fragilisent certains salariés demandeurs de stabilité, mais elles rencontrent aussi les aspirations d’actifs en quête d’autonomie. Jusqu’où ce mouvement se poursuivra-t-il ? L’ampleur que prendra ce phénomène dans les années à venir est encore incertaine, mais le potentiel des plateformes est considérable et porteur de transformations profondes.

Le droit du travail doit répondre à ces mutations. Il faudra bâtir un cadre adapté aux intermittences de parcours que connaissent aussi bien les nouveaux indépendants que les salariés précaires. L’enjeu est également décisif pour la protection sociale dont la construction et le financement reposent sur le modèle du CDI à temps plein, et qui de ce fait pénalise aujourd’hui la discontinuité des carrières. L’accès aux droits sociaux dépend fortement des statuts et des parcours, pour des raisons essentiellement historiques.

De nombreuses évolutions ont déjà eu lieu : la protection sociale est devenue plus universelle et la loi a rattaché au salariat plusieurs professions qui se situaient à la lisière du travail indépendant (travailleurs à domicile, journalistes, etc.). Les actifs demeurent toutefois très inégalement protégés, et ces écarts risquent de s’accroître à l’avenir, notamment en matière de continuité du revenu, de droit à la formation et de retraite.

Il faut donc ouvrir le débat pour inventer des solutions susceptibles de garantir les droits, de protéger les actifs et de sécuriser les transitions professionnelles dans ce nouveau monde du travail. Trois grandes options sont envisageables : adapter les statuts existants, créer un statut intermédiaire entre salariat et travail indépendant traditionnel, inventer un statut de l’actif.