Dans quelle mesure l’exemple suédois d’un ministère du Futur peut-il inspirer une institution telle que France Stratégie ?
Jean Pisani-Ferry : L’un des intérêts de la démarche suédoise est de donner une visibilité politique et un écho médiatique à la question de l’avenir, compris comme un enjeu d’intérêt général. C’est une bonne idée de donner un contrepoids au souci du court-terme et aux intérêts particuliers, qui trouvent toujours les moyens de se faire entendre.
Mais la France n’a pas attendu la Suède et la création, dès 1946, du Commissariat du Plan, témoigne d’une volonté analogue d’organiser, au niveau national et auprès de l’exécutif, la préparation de l’avenir.
Certes, le monde a changé depuis 1946. Après la Seconde Guerre mondiale, nous manquions de charbon et devions décider des secteurs qui bénéficieraient en priorité de cette ressource rare. En 2015, Paris a accueilli la COP21 qui, pour le salut de la planète, a demandé aux États, notamment aux plus développés, de réduire leur consommation de produits carbonés. C’est pour cela que les méthodes ont changé : nous ne dressons plus un plan pour organiser la production dans les cinq années qui viennent. Désormais à France Stratégie nous observons les tendances qui nous permettent d’imaginer dans quel environnement notre pays évoluera, à l’horizon de dix ans.