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Note d'analyse
Publié le
Jeudi 18 Février 2016
Ce travail présente une mesure des inégalités de salaires et d’accès à l’emploi liées au sexe, à l’origine migratoire et à la résidence en France, ainsi que leur évolution depuis vingt-cinq ans.
Marché du travail : un long chemin vers l'égalité

L’analyse économétrique le confirme : pour trouver un emploi (bien rémunéré) en France, mieux vaut être un homme, sans ascendance migratoire. Depuis vingt-cinq ans, les inégalités sur le marché du travail régressent… mais les discriminations résistent. Si le sur-chômage pénalise davantage les hommes descendants d’immigrés africains et natifs des DOM, les femmes ont, elles, un taux d’activité toujours inférieur de dix points à celui des hommes et un manque à gagner en termes de salaires qui relève pour 12 % d’un « écart inexpliqué ».

Une mesure des discriminations par les « écarts inexpliqués »

C’est un fait, nous ne sommes pas égaux face à l’emploi. Qu’il s’agisse simplement de décrocher un poste, d’accéder à un CDI à temps plein ou au top 10 % des salaires, les écarts sont manifestes entre hommes et femmes, personnes avec ou sans ascendance migratoire. Mais ces observations brutes sont loin d’être suffisantes pour conclure à l’existence de discriminations. Voilà pourquoi les spécialistes du sujet préfèrent parler « d’écarts inexpliqués » pour approcher ce qui, dans les inégalités observées, relève potentiellement de discriminations pures. En clair, la preuve est à chercher dans ces écarts d’accès à l’emploi ou de salaire qui ne sont justifiés par aucune variable objective (formation, expérience, ou origine sociale). Écarts qui sont donc explicables notamment par le sexe ou l’origine de l’ascendance. Pourquoi chercher à les mesurer ? Les discriminations sont une entorse au principe d’égalité et représentent un coût économique pour l’ensemble de la société. Pouvoir les objectiver, c’est donner les moyens aux employeurs et aux pouvoirs publics de cibler les bons objectifs.

Les femmes en première ligne

Les femmes sont la catégorie qui accède le plus souvent au Bac sur la période 1990-2014. Elles sont en moyenne plus diplômées que les hommes. Mais elles ont des taux d’activité inférieurs de dix points à ceux des hommes, des temps partiels supérieurs de vingt points, la probabilité la plus faible d’accéder aux 10 % des salaires les plus élevés et un écart de salaire « inexpliqué » de l’ordre de 12 %. Les femmes continuent d’être les premières victimes des inégalités sur le marché du travail. Constat inerte ? Pas exactement. Si les écarts de salaires restent notables, les inégalités d’accès à l’emploi entre hommes et femmes se sont en revanche réduites depuis 1990 et le sur-chômage féminin a quasiment disparu. Des progrès encourageants mêmes s’ils sont insuffisants.

Au-delà du sexe, le lieu de résidence n’apparaît pas comme un facteur explicatif d’inégalité d’emploi. L’ascendance migratoire, en revanche, très clairement ! Toutes choses égales par ailleurs, les hommes descendants d’immigrés africains ont une probabilité d’être au chômage supérieure de sept points aux hommes sans ascendance migratoire. Pour comparaison, ce chiffre est de trois pour les natifs des DOM. Quant à leurs chances d’accéder à un CDI à temps plein, elles sont au niveau… de celles des femmes.

Céline Mareuge

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