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Publié le
Mardi 08 Septembre 2015
La diffusion territoriale de la croissance est un sujet sur lequel nous avons à vrai dire aujourd'hui encore beaucoup de questions et c'est donc tout à fait important de pouvoir échanger sur les expériences locales, celle des pôles métropolitains est tout à fait intéressante.
Diffusion territoriale de la croissance

Il y a un an, France Stratégie a remis au président de la République un rapport sur Quelle France dans 10 ans?. Pour le préparer, nous avions organisé de nombreux débats, à Paris et en région.

Deux choses frappantes dans ces débats :

  1. Le doute sur la croissance : ce doute va de ceux qui ne l'ont jamais connue et pensent que la nouvelle norme c'est la stagnation  à ceux qui considèrent qu'elle n'est pas souhaitable car pas soutenable - et ceux qui pensent qu'elle ne sera pas pour eux, parce qu'ils sont sur des territoires délaissés par la croissance.
  2. La question territoriale : avec le contraste entre des endroits où les choses vont plutôt bien et d'autres où les problèmes s'accumulent.

Ces deux questions sont au cœur de notre débat d'aujourd'hui 

C'est aussi une des raisons pour lesquelles nous avons lancé le Club de prospective territoriale, dont la table ronde au cours de la 5e journée des pôles métropolitains a constitué une étape, et qui vise à travailler davantage avec les élus et les collectivités territoriales. 

Cette question de la « grande divergence » territoriale n'est pas propre à la France.

Enrico Moretti, dans The new geography of jobs, considère que les divisions territoriales l'emportent aux États Unis  sur d'autres divisions, raciales ou de classes.

Si l'origine de cette « grande divergence » - qui est une tendance lourde, sur 30 ans - est avant tout économique, elle a également des implications pour la société dans son ensemble. 

L'enjeu est de faire en sorte que les métropoles, qui tirent la croissance, ne la captent pas toute. D’une certaine façon c’est aussi apprivoiser cette nouvelle géographie de la croissance.

Le point de départ est que l'économie de la connaissance a une tendance naturelle à l'agglomération géographique (plus que l'industrie traditionnelle). On aurait pu penser que la nouvelle économie rendait les choix de localisation indifférents, parce qu'elle abolit les distances.

Ce n'est pas ce qu'on observe, au contraire, car les écosystèmes sont cruciaux pour l’innovation. Le face à face est nécessaire à la transmission de savoirs tacites et à la création.

Jusqu'à la fin des années 1990, la croissance mesurée par les créations d'emploi, se diffuse à l'ensemble du territoire (sauf communes isolées et petites aires, du fait de l'agriculture).

Depuis 2000 : seules les grandes métropoles voient leur emploi augmenter plus que la moyenne nationale.

Ces évolutions ne sont pas le résultat d'effets de structure liés aux spécialités des territoires en termes de qualifications ou de spécialités sectorielles : si on décompose le surcroît ou le déficit de croissance de chaque zone (par rapport à la moyenne nationale) en effet structurel et résiduel : seules les grandes aires bénéficient à la fois d'un effet structurel positif (informaticiens, personnels d'étude et de recherche, cadres...) et d'un effet résiduel positif.

Si on décompose maintenant entre pôle et couronne au sein de chaque aire, on s’aperçoit que sauf à Paris, ce sont les couronnes urbaines qui tirent la croissance de l'emploi, sans que cela s'explique par des effets de structure.

Bien sûr, ce constat global doit être légèrement nuancé selon les dynamiques régionales. Mais le retrouve dans toutes les régions sauf PACA.

Quels sont les mécanismes de diffusion de la croissance ? 

Au-delà des transferts et redistributions entre territoires, qui sont nécessaires, on peut évoquer plusieurs types de mécanismes : 

  • effets d'agglomération ne concernent pas toutes les productions ni tous les segments de la production (comptabilité, centres d'appels) ;
  • les relations d'achat entre des pôles de croissance et autres secteurs ;
  • la constitution de clusters, avec des territoires non métropolitains qui s'appuient sur des économies d'agglomération ;
  • l'économie  résidentielle et le développement de systèmes productive-résidentiels mis en avant par L. Davezises (qui souligne notamment que l'économie productive n'est qu'une petite partie des revenus qui arrivent sur un territoire) ;
  • la diffusion des compétences et de la connaissance.

Enfin, il convient de noter que lorsque l’on regarde comment se répartit sur le territoire la probabilité d'ascension sociale, une des variables qui semblent ressortir : le taux de diplômes du supérieur.

Les travaux sur la diffusion de la croissance se poursuivent au sein du club de prospective territoriale. Plusieurs débats sont organisés d’ici la fin de l’année à France Stratégie sur le sujet :

Dates et heures Invités
26 mars à 10h30 – France Stratégie Philippe Askenazy et Philippe Martin
10 juin à 9h30 – France Stratégie Martin Vanier
08 septembre à 9h30 – France Stratégie Olivier Bouba-Olga et Michel Grossetti
21 octobre à 9h30 – France Stratégie E.M. Mouhoud
26 novembre à 10h – France Stratégie Romain Pasquier
14 décembre à 14h30 – à la Caisse des Dépôts Nadine Levratto

 

Tous nos travaux sur  :