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Publié le
Mercredi 27 Novembre 2013
Quelle France dans 10 ans ? Contribution de Nadine Levratto, chercheuse au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et au CEE (Centre d’études de l'emploi), à l’atelier du CGSP : «Perspectives du marché du travail dans 10 ans en France et conditions d’un retour au plein emploi»
Nadine Levratto

Les projections du marché du travail à un horizon de dix ans s’appuient sur un ensemble de constats dont seule une partie est ici rappelée. Ils sont organisés en deux blocs interdépendants. L’un concerne essentiellement l’organisation du tissu productif et des entreprises qui le composent, l’autre touche aux nouvelles formes de travail que ces changements ont favorisé, voire appelé. Cette perméabilité entre le marché du travail et les structures productives conduit à mettre l’accent sur l’interface entre les relations internes et externes des entreprises d’une part et les formes d’emplois de l’autre. C’est également à l’interface de ces deux domaines que des facteurs d’amélioration de l’emploi peuvent être cherchées.

I Les transformations structurantes

1/ Désindustrialisation, contenu du travail et nature des emplois Derrière le chiffre global de 5,5 millions d’emplois créés au cours des 30 dernières années se dissimulent d’importantes transformations du système productif. En effet, alors que l’industrie a perdu 2,5 millions d’emplois entre 1980 et 2009, les services en ont généré plus de 5,4. Ils sont en partie le produit du développement de l’externalisation et de la sous-traitance. En favorisant la création et le développement d’entreprises du secteur des services, le découpage fonctionnel des processus de production a également provoqué une réduction de la taille moyenne des entreprises qui a nourri l’idée d’une PMIsation de l’économie française.

Si l’emploi s’est trouvé davantage concentré dans les plus petites unités légales ce mouvement ne s’est pas forcément opéré en faveur des PME indépendantes dans la mesure où une grande partie de ces relations s’opèrent à l’intérieur du groupe. Les résultats de l’enquête sur les Relations Inter-Entreprises (ERIE) réalisée en 2002 indiquent que sur les 12 128 entreprises appartenant à un groupe industriel interrogées, 15,8 % déclarent que le poids de l’intra-groupe représente 100 % de leurs relations avec d’autres entreprises et 15,5 % qu’elle varie entre 50 et 100 %. Au milieu des années 1980, 2 000 entreprises de 500 salariés ou plus concentraient 40 % de l’emploi ; en 2009, elles sont près de 2 500 mais ne représentent plus qu’un tiers de l’emploi salarié. Le mouvement est inverse pour les petites entreprises : en 1985, les 900 000 entreprises de moins de 10 salariés ne représentaient que 17 % de l’emploi salarié ; en 2009, elles sont 1,2 million pour 21 % de l’emploi1. L’apparente atomisation qui en résulte ne réduit en rien la contribution à l’emploi des grandes entreprises qui, employant un salarié sur trois, conservent un rôle central dans l’économie nationale.

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