Back to
Actualités
Publié le
Lundi 28 Avril 2014
"La gauche est en train de se convertir à la nécessité des économies" : Jean Pisani-Ferry, Commissaire général à la stratégie et à la prospective, a accordé une interview au journal Les Echos. Retrouvez l'entretien dans l'édition datée du lundi 28 avril 2014.
Jean Pisani-Ferry : "la gauche est en train de se convertir à la nécessité des économies"

Quel est votre jugement sur le plan de redressement des finances publiques ?

Il marque un changement décisif : la France va passer d’un ajustement budgétaire par l’impôt à un ajustement par la dépense. Il était grand temps : de 2011 à 2014 l’essentiel de l’effort a reposé sur des hausses de prélèvements.

L’austérité est dénoncée par une grande partie de la gauche…

C’est paradoxal, car, en réalité, il va y en avoir sensiblement moins qu’avant. Depuis 2011, l’effort budgétaire annuel s’est situé entre un point et un point et demi de PIB par an (20 à 30 milliards). En 2015, on va revenir à 0,8 point de PIB, pour passer ensuite à 0,5 point. L’intensité de l’effort sur les trois prochaines années sera deux fois moindre que sur les trois dernières. Car la vraie surprise, c’est que les économies s’accompagnent d’une forte baisse des prélèvements.

Réduire les dépenses ne va-t-il pas avoir des effets récessifs importants ?

Cela dépend de la nature des économies. Par exemple, quand on encourage le recours aux médicaments génériques ou l’hospitalisation à domicile, cela n’a pas d’impact sur la demande des ménages. Quand on touche aux prestations sociales en revanche, il y a évidemment un effet direct. Mais la baisse des prélèvements va parallèlement avoir des effets favorables à l’activité. D’abord, par le signal donné sur la dynamique des prélèvements. Ensuite par les nouveaux allégements de cotisations sur le travail non qualifié. Les travaux de Pierre Cahuc et de Stéphane Carcillo suggèrent que ces allégements ont des effets plus rapides et plus forts sur l’emploi que ce que l’on pensait jusque-là. Enfin, par les efforts supplémentaires pour la compétitivité. Au total, avec le CICE, le coût du travail au niveau de deux SMIC va baisser de 5% environ. Mais attention, on ne pourra pas éternellement traiter la question de la compétitivité par des baisses de prélèvements. Car à la différence d’une dévaluation, il faut les financer. Si les entreprises ne parviennent pas à tenir leurs coûts, qu’elles ne comptent pas sur l’Etat pour en effacer les conséquences.

La France entend diminuer le poids de sa dépense publique de trois points de PIB d’ici à 2017, est-ce réalisable ?

Savez-vous combien de pays de l’OCDE, depuis 20 ans, ont réduit la dépense publique de trois points de PIB en trois ans ? Dix-sept ! Certains ont eu la chance de le faire en période de croissance, mais d’autres ont dû diminuer la dépense en valeur absolue. Ce que prévoit la France n’a rien d’exceptionnel.

[...]

Lire la suite sur le site du quotidien Les Echos