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Communiqués de presse
Publié le
Mercredi 07 Novembre 2018
Hausse du travail des femmes, recul du couple, renforcement de l’homogamie de revenus… France Stratégie étudie l’impact sur les inégalités de ces mutations de la société française intervenues lors des vingt dernières années.
Le couple contribue-t-il encore à réduire les inégalités ?

Entre 1996 et 2015, la hausse de l'activité des femmes a fait chuter les inégalités de revenus entre femmes et hommes. Pour autant, les inégalités de niveaux de vie - celles qui tiennent compte de la structure des ménages et de la redistribution socio-fiscale - sont restées relativement stables.

Pour comprendre pourquoi, France Stratégie met en lumière que la France a été marquée non par une mais par trois transformations sociales qui ont modifié la répartition des revenus en France. La Note d’analyse souligne en particulier l’utilité qu’il y a à s’intéresser à un mécanisme trop souvent négligé lorsque l’on cherche à comprendre les évolutions des inégalités en France, celui de la mise en commun des ressources au sein d’un ménage, la « redistribution privée ».

France Stratégie montre ainsi que la progression de l’activité féminine a bien réduit les inégalités. Mais, dans le même temps, deux autres évolutions sociales ont joué en sens contraire :

  • La modification des structures familiales induite par les nouveaux modes de vie, avec une mise en couple plus tardive et une hausse des désunions. En 2015, 69 % des 25-60 ans étaient en couple alors qu’ils étaient 78 % en 1996. En particulier, les familles monoparentales sont devenues 1,6 fois plus nombreuses sur la période.
  • Le renforcement de l’ « homogamie de revenu » : les hommes et les femmes sont de plus en plus souvent en couple avec une personne qui perçoit un revenu proche du leur. Cela se traduit par une diminution des inégalités au sein des couples mais par une augmentation des inégalités entre couples.

L'impact de ces deux dernières évolutions sociales s’observe lors de la mise en commun des ressources au sein des ménages - une étape qui permet de réduire les inégalités entre individus tant que les écarts de rémunérations entre conjoints persistent.
De fait, des couples moins nombreux, c'est moins d'individus susceptibles de bénéficier de la redistribution privée. Et des couples moins inégaux en leur sein, c'est moins de transferts privés nécessaires pour égaliser leurs revenus. Le poids de la redistribution privée a ainsi nettement baissé sur les vingt dernières années.

Au final, la baisse des inégalités de revenu d'activité, permise par la hausse du taux d’activité des femmes, ne s’accompagne pas par une baisse des inégalités après la mise en commun des ressources des ménages, mais bien plutôt par une hausse de celles-ci du fait du recul de la part des couples dans la population et du renforcement de l’homogamie.

Pour France Stratégie, ces mutations représentent d'importants enjeux pour la redistribution publique.

  • Malgré la baisse des effets liés à la redistribution privée, les inégalités et la pauvreté, cette fois après redistribution publique, sont, elles, restées relativement stables sur les vingt dernières années. Le système socio-fiscal a donc joué un rôle d'amortisseur des mouvements sociétaux, au prix de transferts publics plus élevés.
  • Mais les enjeux à venir sont tout aussi importants : en prospective, les évolutions des comportements d'activité attendus devraient avoir un impact moins favorable sur les inégalités (moindre hausse de l'activité et évolutions plus différenciées par niveaux de qualification), alors que les évolutions touchant la composition des ménages pourraient, elles, se poursuivre.

Les politiques publiques doivent tenir compte de ces évolutions sociales, porteuses de nouveaux risques sociaux. Elles gagneraient à être prises en compte dans les réformes à venir des transferts sociaux, en particulier dans la perspective de la mise en place d'un revenu universel d'activité.