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Communiqués de presse
Publié le
Jeudi 13 Juillet 2017
Comment s’explique le ralentissement de la productivité en France depuis la crise ? Cette question est au cœur du débat économique dans la mesure où le ralentissement de la productivité conditionne le rythme futur de la croissance.
Croissance de la productivité en France

Contrairement à l’idée reçue selon laquelle le phénomène de réallocation des ressources entre entreprises (le « processus schumpetérien ») serait insuffisant en France, cette note d’analyse de France Stratégie, réalisée à partir d’une analyse originale réalisée sur des données individuelles d’entreprises, démontre que c’est plutôt la difficulté des entreprises pérennes à ajuster leur échelle de production au recul des ventes qui explique la chute des gains de productivité dans l’Hexagone. Ce résultat peut conduire à un certain optimisme sur la reprise des gains de productivité une fois que la reprise sera solidement installée.

Les composantes de la croissance de l’économie et les sources de la croissance de la productivité

Trois principales composantes sont décisives dans la croissance d’une économie : les quantités respectives de travail et de capital mobilisés, et la productivité globale des facteurs. Cette dernière composante, au cœur de l’analyse, désigne la capacité à combiner les deux facteurs de production mobilisés (travail et capital) de manière plus ou moins efficace. Elle mesure la capacité d’une économie à générer du progrès technique.

En France, la productivité globale des facteurs progresse à un rythme plutôt faible ces dernières années : il est de 0,2 % par an en moyenne entre 2013 et 2016. Malgré une faible reprise par rapport à la période 2008-2012 pendant laquelle la productivité avait reculé de 0,6 % par an en moyenne, ce rythme est bien en-deçà de celui d’avant crise, de l’ordre de 0,7 % par an en moyenne entre 2000 et 2007.

Pour comprendre les tendances de la productivité dans les années à venir, il convient de rappeler les deux moteurs de la productivité globale des facteurs d’une économie, à savoir : la recherche d’efficience à l’intérieur de chaque entreprise (par l’optimisation des processus de production) et le « processus schumpetérien » de réallocation des parts de marché des entreprises les moins performantes vers les plus performantes.

Un phénomène « micro » à l’origine d’une tendance « macro »

La note montre que le « processus schumpetérien » - le second moteur – joue un rôle important en faveur de la croissance de la productivité, et que c’est la perte d’efficience des entreprises pérennes – le premier moteur - qui explique la chute des gains de productivité en France. Autrement dit, la chute de la productivité globale des facteurs enregistrée pendant la crise et les années qui ont suivi est avant tout la traduction d’un phénomène visible… à l’intérieur des entreprises.

Ainsi, suite à la baisse de la demande et donc au recul des ventes dans le contexte de la crise, les entreprises n’ont ajusté qu’avec retard leurs capacités de production, à l’origine de cette perte d’efficacité collective mesurée par la croissance de la productivité globale des facteurs. Cette analyse est confirmée par un constat : c’est l’industrie, c’est-à-dire le secteur caractérisé par l’importance du capital fixe et qui ne peut donc être ajusté facilement pour suivre les évolutions de la demande et partant des ventes, qui a connu les évolutions les plus marquées à la baisse.

Cette analyse pourrait conduire à un certain optimisme sur le rehaussement des gains de productivité en France, une fois que la reprise économique sera solidement installée. En effet, le retour des volumes de production aux niveaux antérieurs à la crise devrait s’accompagner mécaniquement d’un effet rattrapage sur les gains de productivité.