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Communiqués de presse
Publié le
Jeudi 31 Mai 2018
A la demande de Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, et d’Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, France Stratégie passe en revue les politiques publiques mises en place dans plusieurs pays en faveur des véhicules à très faibles émissions.
Les politiques publiques en faveur des véhicules à très faibles émissions

Enjeu majeur pour la politique de développement durable, le véhicule électrique constitue également une opportunité industrielle.  Ses ventes annuelles ont progressé de 60 % en 2017 par rapport à 2016 et dépassent désormais le million d’unités dans le monde, dont la moitié en Chine. Elles représentent même plus de 10 % des ventes de véhicules neufs en Norvège, dans les villes chinoises de Pékin, Shanghai et Shenzhen, et dans une quinzaine de villes de Californie. D’ici 2030, ce sont des dizaines de millions de véhicules électriques qui pourraient être en circulation.

L’amélioration des batteries devrait accélérer la diffusion de ces véhicules, souvent réservés aujourd’hui aux trajets du quotidien. Les nouveaux modèles permettront en effet de voyager sur de plus longues distances, jusqu’à 300 km d’ici 2020. D'ores et déjà, les véhicules hybrides rechargeables combinent l'électrique pour les trajets du quotidien et le thermique pour les grandes distances : ils sont une solution intermédiaire qui doit être encouragée.

Après examen des stratégies mises en place à l’étranger, on constate que l’usage du véhicule électrique se développe là où les incitations financières directes sont fortes et maintenues dans la durée. Les avantages indirects – péages gratuits, voies réservées, etc. – jouent aussi un rôle significatif. Enfin, dans deux cas sur trois, des quotas de vente de véhicules électriques ont été imposés aux constructeurs. La France doit donc poursuivre sa politique actuelle d’incitations directes et indirectes en faveur du véhicule électrique, notamment à travers le bonus. Les aides directes pourraient en revanche être croissantes en fonction de l’autonomie réelle du véhicule électrique, afin de favoriser une mobilité électrique de moyenne-longue distance. Elles ont cependant vocation à  diminuer avec la diffusion en masse du véhicule électrique et la baisse des coûts.

Les bornes de recharge devront être déployées en bonne intelligence entre le public et les différents acteurs privés concernés. Elles devront être présentes en nombre suffisant et accessibles à tous, en particulier sur les autoroutes, dans les parkings et garages des logements collectifs ou sur la voirie et dans les parkings publics pour les personnes n’ayant pas d’emplacement privé. La puissance de ces bornes devra nécessairement augmenter avec la capacité des batteries.

La diffusion progressive du véhicule électrique imposera une réflexion globale sur le futur système électrique, incluant la production, le transport et la distribution d’électricité. Les batteries pourraient rendre des services  au réseau électrique, en adaptant la puissance de leur recharge de façon à ce que la courbe de demande d’électricité épouse plus facilement celle de l’offre, en participant au réglage de la fréquence du réseau, voire à plus long terme en  fournissant de l’énergie dans la maison ou au réseau dans les périodes de pointe.

Pour tirer profit du développement simultané du véhicule électrique, du numérique et de l’intelligence artificielle, la France doit investir dans les savoir-faire clés et dans la recherche en amont. Les formations continues et initiales doivent permettre l’acquisition de nouvelles compétences dont l’industrie automobile aura besoin (notamment dans l’électronique, la mécatronique, le numérique, la gestion de la haute tension et les nouveaux matériaux).  La R & D devra prioritairement se porter sur les batteries mais aussi sur les nouveaux matériaux, le numérique, l’intelligence artificielle et le recyclage.