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Communiqués de presse
Publié le
Jeudi 17 Janvier 2019
Réduire le poids des dépenses publiques de 3 points de PIB en cinq ans est un objectif ambitieux, mais réalisable à l’aune de ce qu’on a observé ailleurs en Europe. Il suppose à la fois de consentir des efforts importants sur les dépenses d’administration générale de l’État et des collectivités locales et sur les aides et soutiens divers à l’économie marchande, et de modérer la progression des dépenses sociales.
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En France, le montant des dépenses publiques atteint 1 294 milliards d’euros en 2017, soit 56,5 points de PIB, le ratio le plus élevé parmi les pays de l’Union européenne. Réduire de 3 points de PIB le poids des dépenses publiques en cinq ans paraît possible : 21 pays de l’Union européenne sur 27 l’ont fait au moins une fois au cours de ces vingt dernières années.

Dans cette note d’analyse, France Stratégie apporte un élément supplémentaire au débat, en comparant les dépenses publiques françaises à celles de onze autres pays européens. Les dépenses publiques sont réparties selon les cinq grandes missions de l’État : la redistribution du revenu primaire via les prestations monétaires  (retraites, aides sociales, allocations chômage…) ; la fourniture de services sociaux et culturels (santé, éducation, aide et accueil des personnes, loisirs et activités culturelles) ; les fonctions régaliennes (défense, police, justice, fonctionnement de l’administration générale aussi bien de l’Etat que des collectivités locales) ; le soutien à l’économie marchande (subventions, aides à l’investissement…) ; le remboursement de la dette.

En parallèle, une seconde note « Comment mesurer les économies sur les dépenses publiques ? » apporte un soutien méthodologique à la première, en présentant les difficultés posées par la mesure objective des économies de dépenses publiques.

Comment la France se compare-t-elle aux pays européens ?

Le niveau sensiblement plus élevé des dépenses publiques en France s’explique d’abord par ses choix collectifs. Par exemple, la France se caractérise par des dépenses élevées en matière de redistribution (4,3 points de PIB de plus que nos voisins européens), tirées au premier chef par les dépenses de retraite. De fait, la France a choisi un système de retraite par répartition entièrement public, et relativement généreux par rapport à ses voisins.

Les services sociaux en France sont développés, mais en retrait par rapport aux pays nordiques. En particulier, nos dépenses en matière d’éducation et de retraite se situent 2,7 points de PIB en dessous des pays nordiques, mais dans la moyenne des autres pays d’Europe occidentale. De même, l’aide et l’accueil des personnes est à la fois nettement en retrait des pays nordiques (-2,7 points, du fait de moindres dépenses publiques en matière d’l’accueil et de garde de jeunes enfants ainsi que de prise en charge de la dépendance), mais supérieure aux autres pays (+1,1 point).

Le poids des dépenses de fonctionnement de nos administrations est certes plus élevé qu’ailleurs en moyenne, mais ce surcoût semble surestimé dans l’opinion (de +0,5 point de PIB sur un total de 6 points). Il existe cependant une marge de manœuvre pour les réduire, aussi bien du côté des administrations « centrales » que des collectivités locales. À l’inverse, notre propension à soutenir l’économie marchande par la dépense publique est sans doute sous-estimée, alors qu’elle est forte (+1 point de PIB hors CICE, sur un total6 points), tant au niveau de l’administration centrale qu’au niveau local.

Quels scénarios possibles ?

Parvenir à réduire le poids des dépenses publiques de 3 points de PIB en cinq ans sans toucher au social ni au régalien supposerait de ramener toutes les autres dépenses à un niveau inférieur à celui observé dans les pays d’Europe occidentale _ un objectif qui semble peu réaliste. En revanche, on peut imaginer un scénario plus équilibré, comprenant même une légère augmentation du poids des dépenses d’éducation et de défense, et un maintien de celui de l’investissement public, réorienté vers la transition écologique et énergétique. Ce scénario supposerait de gros efforts hors sphère sociale (dépenses de fonctionnement des administrations centrales et locales, subventions et aides à l’économie), mais aussi un effort, plus mesuré, sur les dépenses sociales.

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