Au cours des dernières décennies, le développement économique a sorti de la pauvreté des millions de personnes. Mais il a aussi généré des zones de grande misère : explosion démographique, urbanisation mal maîtrisée, creusement des inégalités, populations exposées à la violence, à la dégradation de leur environnement et au changement climatique.
Les politiques d’aide publique au développement (APD) sont confrontées à un monde en pleine mutation. De nouvelles puissances économiques émergent, et l’Europe connaît des contraintes budgétaires. Les frontières traditionnelles entre Nord et Sud ont changé.
C’est dans ce contexte que l’ancien ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, en lien avec le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a confié en 2013 à Emmanuel Faber et à Jay Naidoo la mission de réfléchir à une approche renouvelée de l’aide au développement.
À quelques jours de l’adoption du premier projet de loi d’orientation sur le développement et la solidarité internationale, c’est à Annick Girardin, secrétaire d’État chargée du Développement et de la Francophonie, que les auteurs remettront leurs dix propositions.
Le rapport s’appuie sur des convictions fortes…
- faire confiance aux populations locales et à la capacité d’initiative des groupements de femmes, des entreprises de toutes tailles, des collectivités locales ou des ONG:
- donner à ces acteurs les moyens de réussir et de pérenniser les initiatives innovantes (qualifiées d’« économie inclusive ») – qu’ils développent dans les campagnes et les quartiers pauvres des grandes villes d’Afrique, y tissant une nouvelle solidarité.
… et recommande, pour améliorer l’efficacité de l’aide, de soutenir ces coalitions d’acteurs en mettant en place de nouveaux outils d’intervention et en privilégiant cinq enjeux majeurs :
- l’autonomisation des femmes, premières victimes des retards de développement ;
- la formation et l’emploi des jeunes pour répondre aux 25 millions de jeunes Africains qui arriveront chaque année sur le marché du travail à partir de 2020 ;
- l’agriculture familiale, pour créer de l’emploi, lutter contre la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire et la préservation des territoires (la population rurale africaine va encore croître de 300 millions d’habitants d’ici 2030) ;
- les modes de développement urbain, qui vont aujourd’hui à l’encontre d’objectifs d’équité et de protection de la planète ;
- l’accès à l’énergie et à ses modalités, à la fois condition de développement équitable et durable.
Au-delà des bénéfices directs pour les populations locales, une telle approche permettrait, en valorisant l’image de l’entreprise française au Sud et en favorisant son ancrage sur les territoires de concilier aide au développement et diplomatie économique.
Ce rapport constitue pour la secrétaire d’État chargée du Développement et de la Francophonie, et pour l’ensemble des acteurs du monde du développement une véritable boîte à outils.