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Publié le
Mercredi 18 Avril 2018
Le Premier ministre a confié deux nouvelles missions à France Stratégie : une analyse des obstacles au développement de l’activité physique et sportive et un diagnostic partagé de l’évolution de l’emploi et des compétences dans les métiers du sport.
Une stratégie pour faire bouger la France d’ici 2024

« Mon ambition est de créer une culture de la pratique d’activité physique et sportive », a annoncé le Premier ministre, avec un objectif chiffré en tête : trois millions de nouveaux pratiquants sportifs d’ici 2024, date à laquelle Paris accueillera les Jeux olympiques et paralympiques d’été. Une augmentation volontariste qui implique par ailleurs une démarche d’anticipation des besoins en emplois dans les métiers du sport. De là deux missions confiées à France Stratégie : une analyse des obstacles au développement de l’activité physique et sportive et une vision prospective partagée des emplois et des compétences (VPPEC) des métiers du sport. Explication avec Virginie Gimbert, experte au département Société et politiques sociales et Marième Diagne, experte au département Travail, emploi, compétences, respectivement en charge de l’analyse des obstacles à la pratique et de la VPPEC des métiers du sport.

Deux « missions sport » ont été lancées par le Premier ministre. Pourquoi sont-elles spécifiquement confiées à France Stratégie ?

Virginie Gimbert : La mission développement des pratiques implique une approche très large de « l’activité physique et sportive ». Pour schématiser, je dirais qu’il faut entendre activité au sens de « l’inverse de la sédentarité » et comprendre l’objet de la mission sous l’angle : « comment mettre les individus en mouvement ? ». Les enjeux qu’elle soulève sont donc loin d’être circonscrits au monde du sport, ils sont avant tout sociétaux. Ils relèvent de la mobilité dans nos espaces de vie quotidiens, de la santé publique et du bien-être, de la cohésion sociale ou encore de la gestion des temps sociaux – je pense ici typiquement à la question de la conciliation vie professionnelle/vie personnelle. Or sur tous ces sujets, France Stratégie est détentrice d’une expertise. Nous avons déjà porté des travaux sur le vieillissement de la population et la prévention de la perte d’autonomie, où il est question de maintien dans l’activité physique par exemple. Par ailleurs, la demande du Premier ministre comporte un volet benchmark. Il souhaite que nous passions en revue les études déjà menées sur le sujet au niveau national mais aussi les dispositifs existant chez nos voisins européens. C’est une approche dont nous avons l’habitude.

Marième Diagne
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Marième Diagne : Sur la mission prospective des métiers du sport, le choix de France Stratégie s’explique par l’existence de précédents. La commande vise « un diagnostic partagé » en soulignant que les acteurs du sport sont nombreux et qu’il faut aboutir à une « vision commune » des besoins à horizon de cinq ans. C’est précisément le travail expérimental réalisé au département Travail, emploi, compétences [de France Stratégie] : la vision prospective partagée des emplois et des compétences, la VPPEC, a pour objectif d’identifier les mutations socioéconomiques et technologiques qui auront un impact sur l’emploi, le contenu des métiers et les compétences dans un futur proche, pour voir comment adapter l’offre de formation aux besoins des entreprises. La filière numérique a sa VPPEC par exemple [réalisée à l’initiative du Conseil national de l’industrie en 2017]. Nous allons mener le même exercice sur les métiers du sport, partant du constat que la filière connaîtra, elle, des tensions offre/demande avec l’augmentation programmée du nombre de pratiquants et bien sûr des évolutions liées aux mutations technologiques et à celle des modes de pratique.

Concrètement comment travaillez-vous et avec qui ?

Marième Diagne : La VPPEC est par définition un exercice participatif. Il s’agit de co-construire le diagnostic avec toutes les parties prenantes : représentants des partenaires sociaux de la filière, représentants d’élèves et de professeurs de STAPS [sciences et techniques des activités physiques et sportives], experts de l’analyse des emplois et des compétences des observatoires et des ministères... Nous fonctionnons donc en groupe de travail. Le lancement du projet hier [mardi 10 avril 2018] a justement été l’occasion de réunir toutes ces personnes et de voir ensemble lesquelles étaient prêtes à s’impliquer dans la réflexion, ce qui suppose notamment de participer activement aux séances mensuelles du groupe de travail, six en tout a priori. Le groupe de travail devrait être composé d’une vingtaine de personnes au final. Il se réunira pour sa première séance le 22 mai [2018] avec pour objectif immédiat de définir le périmètre des « métiers du sport ». Il est en effet évident qu’on ne peut pas se limiter aux métiers de l’animation et de l’encadrement. Certains acteurs parlent « des univers du sport », c’est dire leur pluralité ! Il faut donc élargir la perspective à tous les acteurs qui gravitent autour de la pratique en elle-même : l’évènementiel, le marketing, le commerce d’articles de sport… La suite de l’exercice sera calquée sur les précédentes expérimentations : les échanges réguliers et approfondis du groupe de travail aboutiront à un consensus ou disons, terme consacré, à l’émergence d’une vision commune des besoins futurs en emplois, en compétences et en qualification de la filière. Le groupe s’appuiera par ailleurs sur des études qualitatives et des diagnostics chiffrés existants et pourra auditionner autant que de besoin.

Virginie Gimbert
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Virginie Gimbert : De notre côté, nous avons deux objectifs : d’une part identifier les freins et les obstacles à la pratique sportive, d’autre part repérer les dispositifs pertinents ou les « bonnes pratiques » existant en France et dans des pays européens comparables. Pour comprendre les freins à la pratique, l’enjeu est de saisir le point de vue des usagers et non des seuls interlocuteurs « traditionnels » dans le domaine du sport, type fédérations. C’est une perspective d’autant plus nécessaire que, depuis une dizaine d’années, les pratiques sportives ont évolué. Elles sont moins encadrées. Certains font du sport à domicile ou en pleine nature, dans un cadre le plus souvent non institutionnalisé, en tout cas sans adhésion à un club ou une fédération. C’est pourquoi, au-delà de la recension des travaux déjà réalisés sur les pratiques sportives, nous avons lancé une enquête qualitative par entretiens auprès d’une soixantaine de personnes âgées de 15 à 80 ans [en France métropolitaine et dans les DOM] afin de mieux comprendre les trajectoires sportives individuelles. Sur le deuxième objectif, l’identification des dispositifs pertinents, nous procédons essentiellement par auditions de nombreux acteurs, notamment issus du monde du sport, mais aussi des collectivités territoriales par exemple pour leur rôle de mise à disposition d’équipements sportifs ou encore leur rôle dans l’aménagement de l’espace urbain.

Quelles sont vos échéances respectives ?

Virginie Gimbert : Le Premier ministre et la ministre des Sports attendent une restitution des travaux pour septembre 2018. Notre rapport pourrait ainsi nourrir la réflexion dans le cadre du projet de loi « sport et société ».

Marième Diagne : Et avant ça, nourrir la nôtre ! L’évolution des pratiques aura de fait un impact sur les métiers du sport. C’est donc une variable que nous allons intégrer à la VPPEC qui devrait être rendue à l’automne 2018.

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Propos recueillis par Céline Mareuge, journaliste-web

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