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Publié le
Mardi 22 Octobre 2013
Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective a lancé le premier débat national pour dessiner « La France dans dix ans ». Consacré au modèle républicain, il a réuni universitaires, partenaires sociaux, élus locaux, membres d’associations et représentants de l’administration. Lesquels ont dressé un constat sévère sur un modèle « fossilisé », dépassé par les mutations du monde moderne.
Débat national - Quel modèle républicain dans 10 ans ?

Le modèle républicain, neutre aux différences de sexe et de « race », n’est plus adapté aux aspirations individuelles et collectives. S’il s’est toujours modifié au fur et à mesure des exigences des citoyens et les évolutions sociales, la société française se trouve aujourd’hui bousculée par de profondes et rapides mutations qui fragilisent le lien social.

Un monde plus mouvant, où les individus s’épanouissent dans des identités multiples et aléatoires, se développe, à travers notamment les nouvelles technologies. Les institutions apparaissent en crise, y compris certains corps intermédiaires (partis, syndicats) où les Français faisaient l’apprentissage de la vie collective. L’Ecole et le Travail n’apparaissent plus comme porteurs de sens. C’est pourquoi, comme l’a souligné l’une des intervenantes, « les jeunes ont le sentiment que Google fait plus pour eux que l’Etat ».

L’Education initiale reste centrée sur la réussite des élites, avec un poids du diplôme qui tend à graver dans le marbre les destins professionnels, sans donner la place à « une seconde chance ». Les politiques publiques d’accompagnement (notamment de ciblage et de zonage), si utiles qu’elles soient, stigmatisent les territoires et les populations ; la distribution des aides sociales, centrée sur certaines parties de la population et soumise à des effets de seuil, tend à dresser les Français les uns contre les autres, alimentant « une compétition entre identités victimaires » et la peur du déclassement de la part des classes moyennes.

L’intégration par le travail ne fonctionne plus : la précarisation de l’emploi, notamment pour les jeunes, rebat les cartes du rapport au travail et des liens sociaux dans l’entreprise. Les inégalités entre les sexes peinent à se résorber, de même que les discriminations selon l’origine. Néanmoins, de nouvelles manières de travailler émergent : aplatissement des hiérarchies, management intermédiaire, fonctionnement en réseaux, etc.

Par ailleurs, la tentation du repli communautaire, et plus encore la crispation d’une partie de la population vis-à-vis de l’islam mettent à mal le vivre-ensemble, notamment parce que, « dans cette société de l’entre soi, ce sont désormais les médias qui façonnent les représentations que nous nous faisons de l’autre et non plus les valeurs de la République ».

Les Français ne pensent plus que leurs enfants vivront dans une société plus heureuse que celle qu’ils ont connue. Or la confiance en l’avenir et la possibilité du progrès sont essentielles. Tout le monde s’accorde donc sur la nécessité de revisiter notre modèle républicain mythifié, voire sacralisé.

Si l’importance des formes traditionnelles de participation politique, avec les élections, n’est pas contestée, plusieurs pistes peuvent être explorées pour rapprocher les Français de leurs institutions : « L’Etat a une vision surplombante et une conception étriquée de la citoyenneté qui doivent changer. » Beaucoup appellent ainsi de leurs vœux une simplification du coûteux millefeuille administratif et territorial. Il s’agit également, pour les pouvoirs publics, d’accompagner les mutations de la participation citoyenne, et de s’appuyer sur l’énergie et le dynamisme de la société civile et en particulier des corps intermédiaires (notamment les associations) : « Les institutions font un contresens lorsqu’elles considèrent les individus comme porteurs de problèmes et non comme des ressources, alors que les habitants ont la capacité d’agir sur leur propre environnement si on leur en donne les moyens ».

De même, la démocratie sociale pourrait être renouvelée par un changement dans la gouvernance des entreprises, en associant plus largement les salariés, ou par le développement de l’économie sociale et solidaire.

La fin du cumul des mandats est une option défendue par quelques-uns pour accélérer la régénération de la représentation nationale, non pas nécessairement pour qu’elle soit davantage le miroir de la société, mais pour qu’elle n’exclue aucune catégorie. En outre,  pour réduire les inégalités et prendre acte de la richesse d’une société plurielle, les administrations et les entreprises doivent aussi ouvrir leurs portes à des profils plus divers, « l’intelligence collective se construisant avec des personnalités multiples ».

Si le concept de « diversité » ne fait pas l’unanimité, en raison du risque de figer les individus dans des identités, une meilleure prise en compte du pluralisme de la société est essentielle dans l’action publique. Néanmoins, le recours à la discrimination positive ne doit pas être systématique. Permettre une meilleure intégration et assurer l’égalité des chances « tout au long de la vie » demeurent une question essentielle à laquelle il semble difficile de répondre de manière homogène.

 

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