Les méthodes de mesure des compétences sont variées : avis d’experts à partir d’une analyse des postes de travail, enquêtes auprès des entreprises ou des salariés, tests individuels auprès des personnes…
La définition de seize situations de travail transversales
L’étude réalisée dans le cadre d’un travail commun entre France Stratégie et Pôle emploi propose une méthode originale en partant des situations de travail des salariés. L’enquête « Conditions de travail » réalisée par la Dares comporte en effet de très nombreuses questions décrivant les actes quotidiens de travail des personnes interrogées, à partir desquels il est possible de dégager seize situations, plus ou moins présentes dans l’exercice d’un emploi donné. Pour ce qui relève de l’organisation du travail au travers des rythmes et de l’autonomie, quatre grandes formes de travail sont mises en exergue : le travail autonome peu formalisé, le travail de type taylorien, le travail autonome qualifié régulé par les objectifs et le travail répétitif de type artisanal.
Une cartographie de 75 familles
Se dessine ainsi une cartographie de 75 familles de métiers à l’aune des situations de travail transversales qui y sont dominantes, celles-ci demandant des compétences et aptitudes transversales pour travailler avec efficacité. Par exemple, les métiers de coiffeur, d’aide-soignant et de vendeur ont en commun l’importance du contact avec le public et font appel à des compétences transversales comme la capacité à communiquer, le sens de la relation client ou la capacité à agir dans une relation de service. L’hypothèse est que des métiers comportant des situations e travail similaires mobilisent des compétences transversales proches.
La proximité de situations de travail transversales explique une partie de la mobilité entre les métiers
Dans un second temps, l’étude procède à une analyse des transitions entre métiers à partir des données de l’enquête « Emploi » de l’Insee. Cette étude démontre que, là où la proximité de situations de travail transversales est forte, les transitions professionnelles entre métiers sont plus fréquentes. Elle se traduit par exemple par un surcroît de flux entre les métiers de caissiers ou de vendeurs et ceux d’employés de l’hôtellerie-restauration, ou encore entre des attachés commerciaux et les professionnels de la communication.
“ LÀ OÙ LA PROXIMITÉ DE SITUATIONS DE TRAVAIL TRANSVERSALES EST FORTE, LES TRANSITIONS PROFESSIONNELLES ENTRE MÉTIERS SONT PLUS FRÉQUENTES.”
Plus précisément, sur les seize situations de travail identifiées, onze contribuent significativement à augmenter les probabilités de transition entre métiers. C’est le cas en particulier du type d’organisation du travail dans lequel s’insère le poste. Certaines dimensions jouent davantage sur les transitions qui s’effectuent au sein d’une même entreprise (travailler en équipe), d’autres sur les transitions d’une entreprise à une autre (examiner de petits objets ou des détails fins, utiliser des outils informatiques).
La proximité de situations de travail transversales ne suffit évidemment pas à expliquer les flux de mobilité observés entre métiers. D’autres facteurs jouent fortement : des compétences spécifiques communes entre métiers ; des effets « frontières », quand il s’agit de passer d’un métier exercé très majoritairement par des hommes à un métier exercé très majoritairement par des femmes (et réciproquement) ou quand des métiers sont géographiquement localisés sur certains territoires.
Toute reproduction de cette article, même partielle, est interdite sans autorisation écrite préalable de la rédaction. Retrouvez l'article dans le n°587 de la revue Personnel publiée par l'ANDRH.