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Les plateformes de micro-travail : enjeu pour l’intelligence artificielle, enjeu pour l’emploi ?

À l’heure de la digitalisation et de l’intelligence artificielle, quel rôle jouent les plateformes de micro-tâches dans la transformation du travail ?

Publié le : 13/06/2019

Mis à jour le : 04/03/2025

Les plateformes de micro-travail : enjeu pour l’intelligence artificielle, enjeu pour l’emploi ?

En collaboration avec la maison des sciences de l'homme de Paris-Saclay, France Stratégie a organisé une conférence internationale autour d'une nouvelle forme de travail appelée le micro-travail. Ce phénomène est international. La plateforme la plus connue est Amazon Mechanical Turk, mais on ne connaît pas exactement le nombre de pratiquants. C'est une forme de travail qui passe par des plateformes sur Internet, caractérisée par de toutes petites tâches, comme reconnaître une image, traduire un bout de phrase, ou analyser un petit peu de données. Ces tâches sont réalisées par des travailleurs pour des plateformes qui les redistribuent aux entreprises ayant besoin de traiter des masses de données.

Aujourd'hui, les entreprises ont encore besoin de l'humain pour seconder l'intelligence artificielle, mais pour combien de temps encore ? En France, en 2018, 23 plateformes proposaient des tâches de micro-travail, avec un atout : la flexibilité du temps de travail et une forme de symétrie entre l'offre et la demande.

Nous proposons à nos contributeurs de venir quand ils le souhaitent, de contribuer autant qu'ils veulent, de faire une tâche et de repartir. Cette flexibilité crée une forme de symétrie du côté des plateformes, où il ne s'agit pas d'emploi traditionnel, mais plutôt d'une forme de complément de revenu.

Une des caractéristiques du micro-travail est que les micro-travailleurs sont surtout payés de quelques centimes à quelques euros par tâche, et non un salaire basé sur le SMIC. Pour Magali, micro-travailleuse depuis quatre ans, le micro-travail n'est pas juste un complément de revenu. Payée 15 euros de l'heure, 20 heures par semaine, elle accumule les micro-tâches en français et en anglais.

Elle souligne que cela peut être contraignant dans le sens où il faut rester assis devant un ordinateur, mais la flexibilité horaire lui permet de travailler d'où elle veut, d'aller souvent à Paris, et de rechercher d'autres contrats. Elle considère que le micro-travail n'est pas précaire, ni mal payé, et que cela peut même dépasser le SMIC.

Le micro-travail a la particularité d'être effectué de façon invisible et depuis chez soi, avec des contrats qui prennent vie simplement en validant les conditions générales des plateformes. Lors de cette conférence, la régularisation autour du micro-travail a été longuement abordée et pourrait faire l'objet de futures études.

France Stratégie, en collaboration avec la MSH Paris-Saclay, a organisé une conférence internationale à Paris, le 13 juin 2019, suivie d’un séminaire fermé (uniquement sur invitation) de International Network on Digital Labor (INDL) le 14 juin. Elle a été l’occasion d’entendre des témoignages de micro-travailleurs et d’entreprises / plateformes qui les recrutent, de présenter les résultats des enquêtes nationales et internationales sur ces formes émergentes d’emploi et d’en débattre avec des experts académiques et institutionnels, français et étrangers.

Après Uber, Deliveroo et autres services à la demande, le micro-travail est une nouvelle facette du travail intermédié par les plateformes numériques. Des services sur Internet ou sur mobile proposent à des foules d’individus de réaliser, pour le compte de commanditaires, des petites tâches standardisées et répétitives, en contrepartie d'une rémunération allant de quelques centimes à quelques euros par tâche. Celles-ci nécessitent en général de faibles qualifications : prendre une photo dans un magasin, reconnaître et classer des images, transcrire des bouts de texte, mettre en forme un fichier électronique… Malgré leur simplicité apparente, ces micro-tâches réalisées par des millions de personnes dans le monde, servent notamment à créer les bases de données nécessaires au calibrage et à l’« entraînement » d’algorithmes et d’intelligences artificielles.

Au niveau international Amazon Mechanical Turk est la plus connue des plateformes de micro-travail. En France et dans les pays francophones d’Afrique, d’autres plateformes attirent un nombre croissant de travailleuses et travailleurs, pour compléter leur revenu primaire, voire pour y suppléer. Quelle est l’ampleur du phénomène ? Comment reconnaître, organiser et réguler cette nouvelle forme de travail ? Comment, finalement, s’articule-t-elle avec les formes traditionnelles de l’emploi ?

Avec notamment la participation de :

  • Mariya Aleksynska, IZA
  • Gilles Babinet, vice président du CNNum
  • Daniel Benoilid, co-fondateur de Wirk / Foulefactory
  • Antonio Casilli, Télécom ParisTech & projet Diplab
  • Marion Coville, projet Diplab
  • Joseph Dureau, CTO de Snips
  • Marguerita Lane, OCDE (sous réserve)
  • Vili Lehdonvirta, Oxford Internet Institute
  • Clément le Ludec, MSH Paris Saclay
  • Anoush Margaryan, Copenhagen Business School
  • Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie
  • Florian Alexander Schmidt, University of Applied Sciences HTW Dresden
  • Paola Tubaro, CNRS & projet DiPLab
  • Patricia Vendramin, Université catholique de Louvain
  • Louis-Charles Viossat, IGAS
  • Thiebaut Weber, ex secrétaire confédéral CES

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