Note flash

Comment financer le réarmement et nos autres priorités d’ici à 2030 ?

Face à la dégradation de la situation géopolitique, la France et l’Union européenne doivent accroître leur autonomie stratégique. Des objectifs de dépenses militaires équivalentes à 3,5 % du PIB, voire 5 % – contre 2 % actuellement – sont évoqués dans le débat. Une telle ambition présente un enjeu de financement, dans un contexte de finances publiques déjà fragiles.

Publié le : 19/05/2025

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Depuis 2014, l’Europe a entamé un réarmement, accéléré par la guerre en Ukraine. Certains pays ont déjà fortement augmenté leur budget militaire, souvent financé par le déficit. La France, bien qu’historiquement active et dotée de l’arme nucléaire, a vu ses dépenses stagner autour de 2 % du PIB ces vingt-cinq dernières années. Après un premier rehaussement, la loi de programmation militaire (LPM) de 2023 a engagé une forte hausse jusqu’à 2030, mais aller au-delà nécessitera un effort historique.

Cette note a pour objectif d’éclairer les enjeux de financement d’un tel effort. Elle se projette en 2030 en tâchant de prendre en compte les contraintes et les priorités additionnelles qui pèseront sur nos comptes publics dans les cinq prochaines années. 

Quatre principaux leviers existent pour financer le réarmement. Premièrement, la maîtrise des dépenses publiques, qui impliquerait des réductions inédites dans d'autres domaines, notamment les prestations sociales ou la fonction publique. Deuxièmement, une hausse majeure des prélèvements obligatoires qui aurait des effets néfastes sur l’activité. Troisièmement, une croissance du taux d’emploi, ambitieuse et difficile à court terme. Enfin, le recours à un financement européen, en particulier via un endettement commun qui soulèverait des défis politiques et juridiques, mais permettrait de mutualiser en partie l’effort avec nos partenaires.

Le recours à un levier unique semble irréaliste au vu de l’ampleur de l’effort requis. Il serait donc nécessaire de mobiliser plusieurs instruments pour financer un réarmement de grande envergure. Le juste équilibre entre ces différents leviers devra faire l’objet d’un débat démocratique.

Au-delà des contraintes budgétaires, ce réarmement pourrait aussi se heurter à plusieurs obstacles : un recrutement difficile, des chaînes de production tendues, notamment sur la main-d’œuvre ou sur les matériaux critiques, impliquant une mobilisation massive pour réaliser une telle ambition.

Enfin, l’efficacité du réarmement dépendra aussi de la coopération européenne. Pour organiser celle-ci, pourraient être institués une revue stratégique commune et un document de programmation militaire européen, une dépense financée partiellement par de la dette commune, et une cible collective, dont une part serait dédiée à l’achat d’équipements produits en Europe (« 1 % européen »), afin d’accroître l'autonomie stratégique du continent.

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