L’exercice de conclusion d’une table ronde de ce type est toujours redoutable, particulièrement sur le thème choisi. Lorsque j’ai réfléchi à la conclusion de cette journée, m’est revenue en mémoire cette nouvelle de Borges qui s’intitule La quête d’Averroès dans laquelle il raconte comment Averroès, tentant de comprendre ce qu’entendait Aristote par « tragédie » et « comédie », n’arrive pas à se figurer de quoi il s’agit et finit par conclure que cela devrait être quelque chose comme panégyrique et anathème.
La distinction entre impôt et cotisation est en effet si coutumière, elle structure à ce point notre appréhension des politiques publiques, que nous négligeons de nous interroger sur sa signification. Or elle ne va plus de soi, et c’est pourquoi l’exercice que vous avez conduit aujourd’hui est nécessaire. Il importe d’interroger les notions qui structurent notre vie sociale, dont nous ne nous demandons plus quel est le sens, tant elles sont établies. Elles paraissent naturelles mais, finalement, font question. Il était donc indispensable à la fois de comprendre historiquement d’où nous vient cette distinction, mais aussi de préciser ce qu’elle recouvre juridiquement, ce qu’elle signifie économiquement et ce qu’elle implique institutionnellement. Mais je crois que l’exercice consiste surtout à nous demander si cette distinction reste utile, si elle est une bonne clé pour structurer les débats à venir ou, au contraire, si elle est devenue un obstacle à l’intelligence de la réalité. Il s’agit donc d’un exercice de déconstruction.