Note d’analyse

Jeunes en situation de handicap : une mobilité sociale entravée

Les jeunes en situation de handicap s’insèrent moins bien sur le marché du travail et accèdent moins souvent que les autres jeunes à des positions sociales élevées. Ces désavantages varient-ils selon l’origine sociale ? L’analyse des données de l’enquête Emploi de l’Insee apporte des réponses.

Publié le : 22/05/2025

Mis à jour le : 22/05/2025

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La difficulté des jeunes en situation de handicap à devenir cadre ou à exercer une profession intermédiaire ne dépend pas de leur origine sociale : qu’ils soient issus d’un milieu modeste ou favorisé, les jeunes « valides » ont une probabilité d’atteindre ces catégories sociales 1,7 fois plus forte que les jeunes présentant un handicap. L’écart s’explique principalement par le niveau de diplôme : les jeunes favorisés sans handicap ont 1,6 fois plus de chances d’être diplômés du supérieur que les jeunes favorisés avec un handicap (1,9 fois pour les jeunes défavorisés).

Les jeunes en situation de handicap sont aussi quatre fois plus nombreux à n’avoir jamais travaillé. L'écart est plus marqué pour les jeunes favorisés (4,9 fois) que pour les jeunes défavorisés (3,3). Ce constat résulte à nouveau en partie du diplôme : le handicap multiplie le risque de sortir du système éducatif sans diplôme par 3,7 pour un jeune favorisé contre « seulement » 2,1 pour un jeune défavorisé. Ainsi, en cas de handicap, une origine sociale élevée protège moins contre l’échec scolaire et l’exclusion du marché du travail.

Ces résultats s’expliquent par des interactions multiples entre handicap et origine sociale : le handicap perturbe le parcours scolaire, ce qui pénalise davantage les enfants de milieu favorisé qui habituellement y réussissent mieux ; les jeunes de milieu défavorisé ont des troubles plus pénalisants sur le plan scolaire ; enfin, à trouble identique, ces derniers sont davantage scolarisés en établissements spécialisés, moins propices à la réussite scolaire.

Ces résultats ont été obtenus chez des jeunes nés dans les années 1980 et 1990, qui n’ont donc pas profité de la très forte augmentation de la proportion d’enfants en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire − proportion multipliée par trois depuis la loi du 11 février 2005. On peut en attendre une amélioration de leur réussite scolaire et sociale, par rapport aux résultats présentés dans la note. Il reste toutefois difficile d’anticiper si l’influence spécifique de l’origine sociale en sera modifiée. Cette influence dépendra aussi très probablement du type de handicap.

Les opinions exprimées dans ces documents engagent leurs auteurs 
et n’ont pas vocation à refléter la position du gouvernement.

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