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Publié le
Mercredi 11 Janvier 2017
Le 11 janvier 2017, Jean Pisani-Ferry a annoncé son départ de France Stratégie.
Jean Pisani-Ferry, commissaire général de France Stratégie

Chers collègues,

Comme vous le savez, j’avais prévu de quitter mes fonctions à l’été après le changement de gouvernement. J’ai décidé d’anticiper mon départ de quelques mois pour rejoindre l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron et y prendre en charge programme et idées.

J’ai donc adressé ma démission au Premier ministre. Il lui appartient de décider s’il souhaite procéder à une nomination ou organiser un intérim. J’ai indiqué à l’Élysée et à Matignon combien le choix de son futur responsable était important pour le Commissariat. 

Ma motivation est essentiellement affaire de conviction. Parce que – nous l’avons abondamment souligné dans nos travaux – les enjeux de la décennie qui vient sont cruciaux pour notre avenir collectif, parce qu’aussi la France, comme d’autres pays, connaît une crise démocratique d’ampleur, la prochaine élection présidentielle sollicite, davantage qu’à l’accoutumée, l’engagement citoyen de chacun. J’aurais pu, comme nos règles l’autorisent, me borner à lui consacrer mes soirées. C’eut été faire prendre des risques à France Stratégie, dont la réputation d’impartialité doit être préservée.

Si j’ai pu prendre cette décision, c’est que j’ai pleine confiance en la capacité de Fabrice [Lenglart] à assurer la direction d’ici la nomination d’un nouveau commissaire. Vous avez pu éprouver sa compétence, son exigence et son sens du management. Vous savez que lui et moi sommes en complet accord sur nos missions et nos objectifs. Vous pouvez donc être sûrs que la maison sera bien pilotée.

Ces 44 mois rue de Martignac ont été parmi les plus forts de ma vie professionnelle. Je pars heureux de les avoir vécus, et fier de ce que nous avons accompli ensemble – même si je suis conscient, bien sûr, de ce qui reste à faire. Rien n’aurait été possible si les équipes de la maison ne s’étaient pas impliquées dans la mutation que je me suis attaché à définir et à organiser, dans un premier temps avec l’appui d’Hervé [Monange], puis successivement avec Selma [Mahfouz] et Fabrice [Lenglart]. Cela n’allait pas sans risque et je veux tous vous en remercier, en même temps que je veux saluer la qualité de leur travail.  

Je crois profondément que France Stratégie et son réseau portent une conception originale de l’action publique, dont la France a un besoin essentiel. Jean Monnet disait du Plan qu’il occupait un territoire sans nom ni maître. Nous n’avons aucun pouvoir et n’alignons aucune division. Mais nous respectons les faits, nous croyons aux idées et nous aimons le débat. C’est ce qui fait notre force.

Si je peux, en partant, vous dire un dernier mot, ce sera celui-ci : soyez audacieux. N’ayez peur ni des tabous, ni des conservatismes, ni des puissances. Ne cédez pas un pouce aux thuriféraires de la post-vérité. Notre pays est en manque de diagnostics lucides, de solutions innovantes, de nouveaux compromis sociaux. La mission de service public que France Stratégie a reçue est de les élaborer et de les tester. Il ne sert à rien de reproduire ce que d’autres font très bien. Il est en revanche essentiel d’imaginer et de rendre possible ce qui n’existe pas encore.  C’est ainsi que vous serez utiles et reconnus comme tels.

Recevez toutes et tous l’expression de mon estime et de mon amitié.

Jean Pisani-Ferry