Pour un emploi de qualité pour tous
La qualité de l’emploi doit constituer un objectif à part entière des politiques de l’emploi et des réformes du marché du travail. Cette nécessité est soulignée depuis une dizaine d’années par divers organismes internationaux, du Bureau international du travail (objectif de Travail décent, 1999), à la Commission européenne (indicateurs de Laeken, 2001, et plus largement Stratégie européenne pour l’emploi), et enfin à l’OCDE (qui a inclus dans sa Stratégie économique une ambition de « vie meilleure », et entame en 2013 un programme d’analyse centré sur la qualité de l’emploi). Cette question est également fortement présente dans les débats académiques et politiques des pays anglo-saxons qui ont vu se développer de nombreux emplois à bas salaires (et mauvaises conditions de travail, faibles perspectives de carrière…).
Au-delà de cette actualité du sujet, il existe de multiples raisons de s’intéresser à la qualité de l’emploi et de chercher à l’améliorer. Du point de vue des travailleurs, une bonne qualité de l’emploi est associée à une meilleure satisfaction au travail et un meilleur bien-être, mais elle permet aussi aux entreprises d’obtenir une productivité plus élevée, des taux d’absentéisme plus faibles, voire d’attirer de la main-d'œuvre pour les secteurs connaissant des difficultés de recrutement. Au niveau macroéconomique, un bon niveau de qualité de l’emploi est corrélé avec des taux d’activité et des taux d’emploi plus élevés (notamment pour les seniors). D’un point de vue dynamique, il n’y a pas de contradiction empirique entre qualité de l’emploi et créations (quantité) d’emplois. Tous ces arguments permettent de penser que la qualité de l’emploi peut générer des effets de cercle vertueux alliant croissance, créations d’emploi et bien-être social.
Les résultats des travaux existants sur la période
La question de la définition de la qualité de l’emploi est complexe, mais les travaux menés depuis dix ans sur ce sujet ont contribué à faire progresser ce débat. Si, dans les travaux anglo-saxons, l’appréhension de la qualité d’un emploi est d’abord fondée sur le salaire, puis complétée par l’analyse d’autres dimensions des conditions d’emploi et de travail, elle est d’emblée multidimensionnelle selon les définitions élaborées par le BIT et la Commission européenne. Ces travaux rejoignent les résultats d’enquêtes auprès des salariés qui montrent que le salaire ne constitue pas à leurs yeux le seul critère d’un « bon » emploi. La sécurité de l’emploi, ou encore les possibilités de conciliation avec la vie familiale, figurent en bonne place parmi les critères cités. Dans cette perspective d’élargissement de la définition, les dimensions principales de la qualité de l’emploi sont alors les suivantes : conditions d’emploi (salaires, type de contrat –à durée déterminée ou indéterminée, temps partiel ou temps plein...) ; conditions de travail (environnement physique, horaires, intensité du travail…) ; accès à la formation ; égalité de genre et conciliation vie familiale/vie professionnelle.
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