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Publié le
Jeudi 23 Janvier 2014
Pour approfondir sa réflexion dans le cadre du projet « Quelle France dans dix ans ? », le Commissariat à la stratégie et à la prospective a demandé à l’institut de sondage TNS-Sofres de mener une étude qualitative sur la perception des Français concernant le devenir de la société et de l’économie.
Quelle France dans 10 ans ?

13 groupes de trois personnes -jeunes parents, retraités, étudiants, actifs aux professions diversifiées réunis dans plusieurs villes, ainsi qu’une dizaine de chefs d’entreprise et d’indépendants- se sont exprimés sur les thèmes des chantiers : modèles productif, social, républicain, de croissance et l’Europe.

La démarche de consultation a été bien reçue ; les personnes interrogées avaient lu et apprécié les notes du CGSP, elles étaient contentes de donner leur point de vue.

Les Français ont globalement une perception dégradée de la société et de l’économie française. Les plus âgés s’avèrent pessimistes, tandis que les jeunes, et surtout les chefs d’entreprise, voient des pistes pour sortir du déclin. Le chômage reste une préoccupation importante. Les personnes interrogées ont le sentiment de faire des sacrifices depuis longtemps. Il leur semble que le modèle français, auquel elles tiennent, doit absolument se réformer, mais se montrent sceptiques sur les capacités de transformation du pays.

Alors que l’emploi doit être la priorité, les Français ne voient pas d’un bon œil la flexisécurité et restent attachés au CDI. Et ne trouvent pas nécessaire d’augmenter le niveau de formation, un des problèmes étant que la France n’a pas assez valorisé les métiers manuels. Ils ont une vision assez idéalisée d’un monde passé, où l’industrie était créatrice d’emplois.

En période de crise, la relance de l’activité et la réduction du chômage priment sur le développement durable et de nouveaux gestes préservant l’environnement ne sont possibles que s’ils apportent un bénéfice économique immédiat ; les « privations » font l’objet d’une forte réticence (renoncer à la voiture, à la maison individuelle).

Selon les personnes interrogées, la pérennisation du  système social – équilibre des comptes – passe avant tout par la chasse aux abus et le retour de la croissance. Elles sont favorables au maintien de la logique universaliste, avec une possible modulation des droits selon les revenus ; ainsi, elles rejettent unanimement le déremboursement des maladies liées à des risques pris par les individus (comme le tabac). Le modèle américain, perçu comme très peu protecteur, fonctionne comme un repoussoir.

Pour elles, la République manque de cohésion. Mais cette opinion partagée masque deux discours : les uns pensent que cette cohésion est minée par le non-respect de la loi (incivilités, refus d’intégration), les autres qu’elle l’est par l’absence de solidarité entre les différentes catégories de la population. Les personnes interrogées sont opposées à des mesures reconnaissant la diversité ethnique et/ou religieuse, et notamment à la discrimination positive (quotas). Concernant la représentation nationale, la fin du cumul des mandats est réclamée.

Quant à l’Europe, mal connue, elle ne suscite que peu d’intérêt. L’incarnation de la construction européenne dans la vie quotidienne déçoit, et de nombreuses corrélations – plus ou moins justifiées – sont faites entre la construction européenne et des difficultés  vécues au jour le jour : la monnaie unique et  la baisse du pouvoir d’achat, la concurrence entre pays et les difficultés locales d’emploi. Selon les Français, la France pourrait avec profit constituer un pont entre les pays du Nord et ceux du Sud.

Malgré ce constat très pessimiste, les personnes interrogées se sont intéressées de près aux solutions proposées dans les notes du commissariat général à la stratégie et à la prospective ; elles se positionnent sur des options, et sont assez conscientes de la nécessité de certaines réformes, qu’elles appellent de leurs vœux.

Lire aussi : Des Français attachés à leur modèle social, préoccupés et responsables (sondage)

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