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Publié le
Mercredi 15 Mars 2017
France Stratégie propose de lever des fonds garantis par les Etats sur les marchés pour financer la formation des jeunes et des chômeurs européens dans les pays en crise. Une tribune de Vincent Aussilloux, directeur du département Economie de France Stratégie, publiée le 15/03/2017 dans Le Monde.
Vincent Aussilloux

Face aux défis immenses qu’il affronte, le projet européen ne survivra que s’il est capable de faire la preuve de son utilité dans nos vies de tous les jours. Mais le projet européen et singulièrement la monnaie unique requièrent aussi, pour leur survie, des réformes de fond, moins visibles quoique tout aussi indispensables.

Pour agir sur ces deux dimensions, c’est-à-dire viser des résultats à court terme tout en ayant une action structurante, il faut instituer un budget de la zone euro qui puisse venir en aide à un ou plusieurs pays en proie à une crise économique afin de contrer celle-ci et d’éviter la contagion. Les propositions en ce sens se concentrent à ce jour sur l’instauration d’une assurance chômage européenne qui aurait le mérite d’exercer cette force équilibrante, en offrant une solidarité européenne dans un domaine très concret pour les citoyens.

Il est un autre domaine où ces deux propriétés pourraient être alliées : celui des compétences et de la formation. Pour ce faire, les pays de la zone euro devraient lancer un dispositif simple, à même d’être mobilisé rapidement en cas de choc économique : nous suggérons de le dénommer le « fonds Spinelli » du nom d’un des pères fondateurs de l’Europe. Avec la garantie conjointe des Etats, le fonds emprunterait sur les marchés les sommes nécessaires pour financer une année d’étude ou d’apprentissage pour les jeunes, les chômeurs, les salariés des entreprises confrontées à un surplus temporaire de main-d’œuvre afin d’éviter leur licenciement, ainsi que pour les réfugiés. Les bénéficiaires eux-mêmes rembourseraient le fonds par le biais d’une taxe spécifique modeste sur leurs revenus futurs à la condition que ceux-ci dépassent le salaire minimum. Le dispositif peut être conçu sans induire de transferts financiers entre pays car chacun d’entre eux resterait redevable des sommes engagés par le fonds Spinelli sur son territoire. Si, à terme, trop de bénéficiaires d’un pays ne remboursaient pas, c’est le budget national qui devrait compenser, mais cela interviendrait une fois le pays sorti de la période économique difficile. Il est également possible d’envisager une subvention partielle du dispositif via le budget du Fonds social européen. 

Les formations seraient dispensées par des institutions éducatives et de formation professionnelle sélectionnées via un appel à projet européen. Elles cibleraient des emplois en tension et des besoins non satisfaits des entreprises dans certaines compétences, par exemple la gestion des données de masse ou le codage. Le diplôme obtenu serait valide dans toute l’Europe ce qui faciliterait la mobilité.

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