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Rapport
Publié le
Jeudi 01 Décembre 2011
[COE] Le COE a adopté le jeudi 1er décembre 2011 un rapport sur "le chômage de longue durée".

Télécharger le rapport le chômage de longue durée

Le chômage de longue durée, qui désigne la situation des actifs au chômage depuis un an ou plus, est un phénomène relativement récent. Quasiment inexistant au début des années 1970, il concernait plus d’un million de personnes en 1987 et a conservé depuis un niveau très élevé. La crise a provoqué une forte hausse du nombre de chômeurs de longue durée : on compte aujourd’hui près d’1,6 million de personnes inscrites sans interruption depuis plus d’un an sur les listes de Pôle emploi. Tous les chômeurs de longue durée n’ont pas la même distance à l’emploi, que ce soit en raison de leurs  parcours professionnels ou de leurs caractéristiques sociales ou familiales. Une part majoritaire des demandeurs d’emploi inscrits depuis un an ou plus en catégories ABC ont travaillé durant cette période.

Le chômage de longue durée est lourd de conséquences. Sur le plan individuel, il engendre des risques importants de distanciation vis-à-vis du marché du travail et de déqualification, de perte d’estime de soi, de  découragement, de  dilution des repères de rétrécissement des liens sociaux et de repli sur soi, de pauvreté. Sur le plan social, il nuit à la cohésion sociale en excluant une partie de la population de l’un des plus puissants vecteurs d’intégration : le travail. L’ampleur du chômage de longue durée dans certains territoires (bassins d’emploi sinistrés, zones urbaines sensibles, etc.) peut engendrer des phénomènes de relégation de fait. Sur le plan économique, il constitue un véritable fléau : il prive l’économie d’une part de ses ressources, transforme le chômage conjoncturel en un chômage de type structurel, beaucoup plus difficile à résorber, induit des pertes de compétences qui limitent la croissance potentielle ultérieure. Il pèse aussi durablement sur les finances publiques. Enfin, plus généralement, il met en échec le Préambule de la Constitution de 1946 (auquel renvoie la Constitution de 1958) aux termes duquel « chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ».

Le chômage de longue durée représente donc un enjeu majeur. Pourtant, en dépit de son importance statistique et de l’ampleur de ses conséquences, il a été peu étudié jusqu’ici en tant que tel et de manière globale. Il faut en outre ajouter qu’il n’est qu’une des facettes d’un phénomène plus vaste de défaut d’intégration professionnelle. Outre les chômeurs de longue durée à proprement parler, d’autres catégories de personnes connaissent des difficultés d’insertion durable sur le marché du travail : certains chômeurs récurrents, qui alternent sur longue durée périodes de chômage et périodes d’activité, les personnes prises dans le cycle des emplois précaires ou en situation de sous-emploi, les chômeurs découragés qui ont simplement cessé de chercher du travail...

L’objet de ce rapport n’est pas de dresser un panorama complet des difficultés d’insertion sur  le marché du travail, mais bien de s’intéresser au problème, plus limité quoique très diversifié dans les réalités qu’il recouvre, du chômage de longue durée. Une attention est néanmoins portée tout au long du rapport pour analyser le chômage de longue durée en relation avec ces autres difficultés d’insertion et le considérer ainsi non seulement comme un état mais aussi comme un processus qui peut naître, ou déboucher sur, d’autres formes d’exclusion du marché du travail.

Par ailleurs, en raison de son champ de compétences, le Conseil a choisi de ne pas traiter des enjeux macroéconomiques ni des aspects purement sociétaux du chômage de longue durée. Les propositions qui sont faites relèvent de la politique de l’emploi et visent à améliorer le fonctionnement du marché du travail et à réduire la durée moyenne du chômage « à situation économique donnée ».

Le Conseil souligne néanmoins que si le retour de la croissance reste le moyen le plus sûr et efficace de réduire le chômage, et donc le chômage de longue durée, il est également possible – et il y a urgence – de combattre par des politiques adaptées les multiples conséquences, sur les plans individuel et social, des différents types d’exclusion du marché du travail.