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Rapport
Publié le
Jeudi 04 Mai 2023
La production de ciment émet en France environ 10 millions de tonnes de CO2 par an, soit 3 % des émissions nationales. Le rapport présente des voies permettant de réduire ces émissions, en utilisant moins de ciment, ou en mobilisant deux pistes techniques de réduction du niveau d’émission par tonne produite.
Les coûts d'abattements - Ciment - Image principale

Téléchargez la partie 6 - Ciment - du rapport Les coûts d'abattement

Les coûts d’abattement, de quoi s’agit-il ?

L’objectif ambitieux de l’accord de Paris implique, pour une partie des réductions d’émissions, le déploiement de technologies coûteuses. Quelles technologies mettre en œuvre et à quel moment ? La réponse passe par le calcul du coût associé à la réduction de chaque tonne de CO2 évitée, exprimé en euros. C’est le coût d’abattement d’une action de décarbonation. Plus le cout d’abattement est faible, plus l’action sera économiquement « facile ». Pour sélectionner et hiérarchiser les actions utiles à la collectivité, il faut comparer les coûts d’abattement des secteurs entre eux, mais aussi à la mesure des gains de l’action. Cette dernière est donnée par la « valeur de l’action pour le climat », fixée à 120 € par tonne de CO2 évitée en 2022 et qui augmentera progressivement jusqu’à 2050, en passant par 250 €/tCO2eq en 2030. Par exemple, concernant les transports, la substitution des véhicules 100 % électriques aux véhicules thermiques est coût-efficace, selon les usages, à court et moyen terme. À l’horizon 2030, l’hydrogène ne constitue une option que pour les transports lourds et à longue distance. L’utilisation des biocarburants doit tenir compte des contraintes de potentiel de ressources et devrait être réservée aux usages pour lesquels ils représentent une des seules options disponibles (le transport aérien, par exemple).

Les leviers de décarbonation du ciment

La production du ciment conventionnel, matière première des bétons d’aujourd’hui, présente la particularité d’émettre du CO2 non seulement par la combustion d’énergies fossiles qu’elle requiert pour « cuire » les matériaux, mais surtout en libérant les atomes de carbone contenus dans le calcaire (CaCO3) afin de produire du clinker, composant principal du ciment conventionnel.

En France comme dans les pays déjà largement urbanisés, le secteur du ciment et du béton connait, sur le long terme, une diminution tendancielle de ses volumes, avec en France une division par deux depuis 1974. La décarbonation du secteur combinera vraisemblablement action à la baisse, par tout un continuum d’actions, sur les besoins en ciment ; et décarbonation de la production d’une tonne de ciment. Dans ce second volet, deux principales voies existent.

La première est d’incorporer aux ciments une part d’argiles calcinées, produites presque comme le clinker, mais avec des émissions réduites, puisque le recours aux argiles évite de relâcher dans l’atmosphère le carbone stocké géologiquement dans les roches calcaires. Le coût des émissions évitées ressort alors, dans un calcul socioéconomique conduit du point de vue de la collectivité, comme particulièrement faible, de l’ordre de 25 euros par tonne de CO2 évitée.

Le second levier consiste à produire du clinker en y adjoignant la capture et le stockage géologique du CO2 produit. Le coût de la tonne de CO2 évitée ressort, en calcul socioéconomique, dans une fourchette de 135 à 215 euros par tonne, ce qui est significatif mais acceptable au regard du standard que constitue la « valeur de l’action pour le climat », de 250 €/tCO2 en 2030.

La suite des travaux de la commission portera sur d’autres secteurs industriels ainsi que sur l’agriculture.

Auteurs

Maxime Gérardin
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Maxime
Gérardin
Développement durable et numérique
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