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Note d'analyse
Publié le
Mercredi 18 Décembre 2024
En France, l’évaluation monétaire de la nature suscite un intérêt marqué depuis la parution du rapport Chevassus-au-Louis en 2009. Mais elle soulève également des questions légitimes, notamment en matière de méthodes et d’utilité pour les décisions publiques comme privées.
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état des lieux et perspectives

Selon que l’on retienne les estimations de l’Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (Efese) ou de la Commission européenne, la valeur monétaire associée à huit services écosystémiques en France se situe entre 18 et 49 milliards d’euros par an, soit 0,6 % à 1,8 % du PIB. Ces estimations ne peuvent cependant être interprétées comme la valeur de la nature en France. Il ne s’agit en effet que de l’agrégation de valeurs associées à un nombre limité de services écosystémiques, comme le service de récréation dans la nature (entre 5,8 et 29 milliards d’euros par an), ou la contribution de la pollinisation à la production agricole (entre 0,5 et 3,8 milliards d’euros par an). De plus, elles ne tiennent pas compte des valeurs de non-usage associées à la nature : l’évaluation du service de pollinisation ne prend ainsi pas en compte la contribution des pollinisateurs à la stabilité et au fonctionnement des écosystèmes. Par conséquent, ces données ne permettraient pas de décrire de façon satisfaisante la contribution de la nature à la richesse nationale au sein des comptes de l’environnement.

Les valeurs marginales de services écosystémiques, souvent exprimées en euros par hectare, peuvent servir de valeurs de référence pour l’évaluation socioéconomique de projets d’investissement. Par exemple, la valeur de référence du service de séquestration de carbone est en moyenne de 240 000 euros par hectare dans les zones humides. De telles valeurs de référence pourraient être développées pour de nombreux autres services écosystémiques (usages récréatifs, purification de l’eau, etc.).

L’évaluation monétaire peut ainsi éclairer des décisions publiques ou privées ayant un impact sur l’état des écosystèmes et des services écosystémiques. Les limites méthodologiques de ces évaluations nécessitent de les compléter par des approches non monétaires, et plus généralement par des processus délibératifs, afin de prendre en compte l’ensemble des valeurs relatives à la biodiversité mais aussi de renforcer l’acceptabilité des décisions.

NA 147 - Graphique page 1

Les opinions exprimées dans ce document engagent leurs auteurs
et n'ont pas vocation à refléter la position du gouvernement.

 

Auteurs

Eric Tromeur - Equipe
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Éric
Tromeur
Développement durable et numérique
Aude Pommeret
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Libre
Aude
Pommeret
Développement durable et numérique
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