Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale la France a su mettre en place un modèle productif efficace qui lui a assuré une croissance soutenue et un taux de chômage faible : ce sont les “Trente Glorieuses”. Ce modèle, qui avait commencé à montrer ses limites dans les années 1980, s’est difficilement adapté à la mondialisation et au renouvellement accéléré des produits et des processus induit par l’innovation. Les atouts de la France dans certains domaines (infrastructures, très grandes entreprises, formation des élites, démographie) sont compensés par de réelles faiblesses dans d’autres, le chômage a augmenté et les positions dans l’échange international se sont continuellement dégradées. La croissance potentielle a ralenti.
Ces résultats sont la conséquence d’un ensemble de facteurs, comme la faiblesse du secteur exposé à la concurrence internationale, la stagnation des gains de productivité globale des facteurs, la baisse de la rentabilité des entreprises qui pèse sur leur capacité à innover et donc à exporter, un marché du travail dual, un système de formation initiale et continue rigide, une mauvaise coordination des institutions sur lesquelles repose ce modèle productif. La France doit aujourd’hui faire des choix décisifs pour rendre plus performant son modèle productif, tout en organisant sa transition vers une croissance soutenable. Ces choix portent notamment sur l’articulation entre le système de formation et l’emploi, l’organisation du marché du travail, le degré de concurrence dans le secteur abrité, la gouvernance et le financement des entreprises, ainsi que l’insertion dans le commerce international.