Mesurée par le niveau de rémunération des métiers ou par la catégorie socioprofessionnelle, la polarisation est avérée sur longue période aux États-Unis mais apparaît moins évidente en Europe.
Dans les pays de l’Union, l’élévation de la part des plus qualifiés est très nette mais celle des moins qualifiés croît faiblement, voire se réduit dans certains pays, à l’instar de la France. La baisse relative des effectifs situés au milieu de l’échelle des qualifications est restée limitée dans nombre de pays européens avant 2008. Elle s’est néanmoins considérablement accentuée depuis la crise, du fait des destructions d’emploi dans l’industrie et la construction.
Plusieurs facteurs explicatifs rendent compte de ce phénomène et des différences d’évolution de part et d’autre de l’Atlantique :
- changement technologique favorable aux tâches cognitives et non routinières,
- concurrence internationale pesant sur l’emploi industriel,
- régulation du marché du travail encourageant le maintien des effectifs de qualification moyenne ou au contraire favorisant les bas salaires,
- mutations sociodémographiques et modifications structurelles de l’offre et de la demande se conjuguent pour favoriser à la fois les emplois qualifiés et peu qualifiés.
L’avenir de ces évolutions reste sujet à caution : d’aucuns anticipent avec le « second machine age » la disparition accélérée de tâches routinières, qui toucheraient l’ensemble des qualifications y compris faibles ou élevées ; d’autres voient dans la révolution des services numériques une occasion pour les qualifications moyennes d’associer une plus grande technicité et une relation client qui nécessite une adaptation impossible à réaliser par les machines.