Pour répondre à cette question, France Stratégie, avec l’économiste Nina Guyon, a exploité les données de la base Filocom. Sur l’ensemble des quartiers classés « zones urbaines sensibles » ou assimilés en 2003, on distingue 497 quartiers ciblés par le PNRU et 240 quartiers « contrôles », aux caractéristiques similaires mais non rénovés. Par la méthode de la différence des différences, on compare l’évolution en matière d’habitat et de peuplement dans ces deux types de quartiers : si la tendance y était similaire jusqu’en 2003, alors toute divergence observée après 2003 peut être attribuée aux effets du programme de rénovation.
Dans les quartiers où la rénovation a été la plus intense − soit un quart des quartiers ciblés −, on constate une baisse de 6 points de pourcentage de la part des logements sociaux (qui restent majoritaires) et une réduction de 5 points de la part des ménages les plus pauvres (premier décile de niveau de vie). Cette dernière réduction s’est faite au profit d’un accroissement du poids des ménages de niveau de vie modeste et moyen. La part des plus pauvres descend ainsi à 25 % en 2019, comblant l’écart avec les quartiers non ciblés. Cet effet a été causé principalement par la démolition des logements qui accueillaient le plus de ménages pauvres et dans une mesure nettement moindre par la construction de logements accueillant des ménages moins souvent pauvres.
Dans les trois quarts restants des quartiers ciblés, où les interventions ont été moins intenses, l’impact moyen du PNRU est quasi nul et n’a pas permis d’empêcher une légère augmentation de la part des ménages les plus pauvres, évolution que l’on retrouve dans les quartiers contrôles n’ayant pas bénéficié du PNRU.
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