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Publié le
Mercredi 18 Mai 2016
Jean Pisani-Ferry est le commissaire général de France stratégie. A ses yeux, le « triple refus des Européens – ni avancer, ni reculer, ni rester sur place » n’est pas tenable. Découvrez son interview par Raphaël Legendre dans l'Opinion.
L'Opinion

Dans un mois, les Britanniques voteront pour ou contre leur maintien dans l’Union européenne. L’Europe peut-elle survivre à une sortie de la Grande-Bretagne ?

Certainement, mais mal. Malgré toutes spécificités, la Grande-Bretagne est une force pour l’Europe. Londres est son principal centre financier. Elle est une puissance en matière de politique étrangère et de défense. Surtout, son départ donnerait un signal de fractionnement à un moment ou l’UE doit faire preuve d’unité face à un environnement dangereux. Ce ne serait pas la fin de l’Europe, mais ce serait un choc très sérieux.

Le Brexit pourrait-il déboucher sur une consolidation de la zone euro ?

Éventuellement, mais il commencerait par la fragiliser. Certes, depuis 2012 et le virage de la Banque centrale européenne (BCE) vers une politique non conventionnelle, les vents se sont calmés. Tous les risques ne sont pas écartés pour autant. C’est pourquoi un Brexit appellerait de nouvelles initiatives.

Depuis 2009, l’euro a échoué dans sa mission de stabilité et d’intégration économique. L’eurozone est passée à deux doigts de l’éclatement en 2012. Quel avenir pour une zone monétaire unifiée sans union bancaire, budgétaire et fiscale ?

Nous nous sommes engagés dans l’aventure avec une constitution monétaire très complète et des garde-fous budgétaires, mais pas grand-chose à côté. Les promoteurs de l’euro pensaient que l’intendance suivrait. Il aurait fallu construire l’union bancaire, le mécanisme de gestion des crises ou la capacité budgétaire lors de la première décennie de l’euro, quand tout allait bien. Mais le transfert de la compétence monétaire à la BCE a eu un déresponsabilisant. Malheureusement, il a fallu attendre les orages pour réagir. Les dirigeants savaient pourtant que l’Espagne, par exemple, allait mal.

Et ils n’ont rien fait…

À peu près rien. Depuis, l’UE s’est dotée de procédures de surveillance des risques de déséquilibres économiques et financiers, pas seulement budgétaires. Cependant leur effectivité est limitée. L’excédent extérieur allemand est de plus de 8% du PIB, alors que le seuil d’alerte est à 6%, mais la procédure n’a pas été activée. Cela dit, la principale question aujourd’hui est de savoir ce que l’on va faire lors de prochaines récessions, alors que la politique monétaire est déjà au taquet.

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