Promouvoir le rééquilibrage européen

Jean Pisani-Ferry
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Point de vue
Publié le
Dimanche 01 Mars 2015
A l'occasion des Noctures de l'économie, dont la prochaine édition aura lieu le 11 mars dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, Jean Pisani-Ferry participera à la table ronde intitulée "Europe : quels moteurs pour la croissance ?". Pour engager le débat, voici la tribune publiée par le journal Le Monde et le blog des Nocturnes de l'économie.
Jean Pisani-Ferry

Cinq ans après la première crise grecque, la commotion politique induite par la victoire de Syriza et les vicissitudes de la renégociation du programme de la Troïka a manifesté, s’il était besoin, l’ampleur des divergences économiques et sociales qui persistent au sein de la zone euro. Comme le rappelle une récente note de France Stratégie (Les divergences sociales en Europe après la crise par Marine Boisson-Cohen, Céline Mareuge, David Marguerit et Bruno Palier, février 2015), l’apparente dynamique de convergence des revenus par tête et des taux d’emploi au sein de la zone euro s’est brutalement inversée aux lendemains de la récession de 2008, laissant apparaître un divorce entre les pays qui ont su vite renouer avec croissance (Allemagne, Slovaquie notamment) et ceux qui se sont engagés dans une spirale récessive (Grèce, Portugal, Espagne, Italie, Irlande), avec entre ces deux groupes un troisième, auquel appartient la France, qui s’est trouvé privé de ressort et a connu depuis sept ans une longue période de quasi-stagnation.

Il n’est pas très difficile de comprendre le pourquoi d’une telle divergence. Tous les pays qui avaient connu au cours des dix premières années de l’euro une prospérité artificielle gagée sur le crédit et l’endettement extérieur ont lourdement chuté ensuite, tandis que l’Allemagne a connu le sort opposé. La crise, c’est clair, a marqué un retour brutal et douloureux à la réalité.

Plus difficile est de savoir si la purge une fois passée, les forces de convergence vont reprendre le dessus ou si les écarts vont au contraire perdurer, voire continuer à s’amplifier. In fine, c’est la réponse à cette question qui déterminera le sort de la zone euro.

La thèse optimiste fait confiance aux mécanismes d’ajustement par les prix. Pendant les dix premières années de l’euro, nombre de pays, notamment du Sud, avaient connu une inflation des prix et des salaires nettement supérieure à la moyenne et leur compétitivité s’était sérieusement dégradée, avec pour conséquence des déficits extérieurs massifs (jusqu’à 16% du PIB en Grèce, 13% au Portugal et 10% en Espagne) et une croissance excessivement déséquilibrée. La crise a été l’occasion d’une correction à la baisse des salaires, et dans une moindre mesure des prix, très pénible dans un environnement d’inflation quasi-nulle mais en définitive plus substantielle que ce qu’on craignait en 2010-2011. Le redressement de la compétitivité de l’Irlande ou de l’Espagne est avéré, et se traduit par une reprise des exportations et un rééquilibrage des comptes extérieurs (hélas, la Grèce ne donne pas de signes de dynamisme exportateur).

A en croire cette thèse, le redressement serait en marche et il serait maintenant temps de recueillir les fruits des efforts consentis au cours des dernières années. Cette analyse est cependant incomplète, parce qu’elle néglige plusieurs facteurs de persistance des difficultés.

[...] Lire la suite sur le blog des Nocturnes de l'économie

 

Auteurs

Jean Pisani-Ferry
Jean
Pisani-Ferry
Anciens auteurs de France Stratégie