Il n’est pas très difficile de comprendre le pourquoi d’une telle divergence. Tous les pays qui avaient connu au cours des dix premières années de l’euro une prospérité artificielle gagée sur le crédit et l’endettement extérieur ont lourdement chuté ensuite, tandis que l’Allemagne a connu le sort opposé. La crise, c’est clair, a marqué un retour brutal et douloureux à la réalité.
Plus difficile est de savoir si la purge une fois passée, les forces de convergence vont reprendre le dessus ou si les écarts vont au contraire perdurer, voire continuer à s’amplifier. In fine, c’est la réponse à cette question qui déterminera le sort de la zone euro.
La thèse optimiste fait confiance aux mécanismes d’ajustement par les prix. Pendant les dix premières années de l’euro, nombre de pays, notamment du Sud, avaient connu une inflation des prix et des salaires nettement supérieure à la moyenne et leur compétitivité s’était sérieusement dégradée, avec pour conséquence des déficits extérieurs massifs (jusqu’à 16% du PIB en Grèce, 13% au Portugal et 10% en Espagne) et une croissance excessivement déséquilibrée. La crise a été l’occasion d’une correction à la baisse des salaires, et dans une moindre mesure des prix, très pénible dans un environnement d’inflation quasi-nulle mais en définitive plus substantielle que ce qu’on craignait en 2010-2011. Le redressement de la compétitivité de l’Irlande ou de l’Espagne est avéré, et se traduit par une reprise des exportations et un rééquilibrage des comptes extérieurs (hélas, la Grèce ne donne pas de signes de dynamisme exportateur).
A en croire cette thèse, le redressement serait en marche et il serait maintenant temps de recueillir les fruits des efforts consentis au cours des dernières années. Cette analyse est cependant incomplète, parce qu’elle néglige plusieurs facteurs de persistance des difficultés.
[...] Lire la suite sur le blog des Nocturnes de l'économie