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Communiqués de presse
Publié le
Mercredi 29 Avril 2020
Au-delà de sa dimension économique, la crise sanitaire, est aussi le révélateur de conditions de vie et de travail inégales selon les métiers. En croisant ces dimensions, France Stratégie dresse une typologie inédite des métiers au regard de leurs vulnérabilités économique, sociale et professionnelle. Certains métiers (ouvriers du bâtiment, coiffeurs ou employés de la restauration) sont très affectés économiquement par la crise. De nombreux métiers (soignants, caissiers, ou encore agents d'entretien) sont quant à eux en première ligne pour faire face à l'urgence. D'autres enfin (notamment ceux de cadres) qui télétravaillent, sont préservés des risques sanitaire direct et économique à court terme par leur statut de salariés en CDI. Mais la crise expose ces métiers à d'autres risques, comme l'hyperconnectivité. À la sortie du confinement, la reprise de l'activité économique rendra nécessaire un traitement « différencié » des risques auxquels sont confrontés les métiers les plus vulnérables.
Les métiers au temps du corona

Quelles vulnérabilités pour quels métiers ?

Cette étude propose une typologie des métiers impactés par la crise du Covid-19 en cinq groupes :
·       Les « vulnérables de toujours », du fait de leur impossibilité de travailler à distance, et de statut souvent précaire (CDD, contrat saisonnier, intérim). Ces 4,2 millions de travailleurs, majoritairement composés d'hommes, artisans et ouvriers de l'industrie et du bâtiment, sont traditionnellement confrontés à des conditions de vie et de travail difficiles ;
·       Les « nouveaux vulnérables » : 4,3 millions de travailleurs affrontent une crise inédite liée à l'exercice même de leur métier qui est d'être en contact avec du public : leurs activités sont très ralenties voire interdites, leur statut les fragilise économiquement (indépendants en solo notamment) et leurs salaires sont faibles ;
·       Les 10,4 millions de professionnels directement ou indirectement sur le « front » du Covid sont ceux dont les activités apparaissent comme essentielles dans cette crise (santé, commerce alimentaire, éducation, etc) et qui cumulent exposition au virus et intensification du travail ;
·       Les professionnels qui télétravaillent sont exposés à un nouveau risque d'hyperconnectivité (3,9 millions d'emplois). Essentiellement occupées par des cadres, ils assurent, à distance, la réorganisation et la continuité du travail et préparent la reprise d'activité après le confinement. La crise renforce leur charge mentale et les difficultés de conciliation avec la vie familiale ;
·       Les professions intermédiaires ou d'employés qualifiés (4 millions d'emplois), majoritairement en inactivité partielle, sont protégés du licenciement à court terme par leur statut. Leur difficulté à travailler à distance porte néanmoins en elle des risques d'éloignement de la sphère professionnelle et de désocialisation.

Les vulnérabilités économiques, en conditions de vie et en conditions de travail se combinent différemment selon les métiers

Les métiers les plus vulnérables au risque économique cumulent en général une forte exposition sectorielle et une fragilité statutaire. Leur activité a été interrompue (ou ralentie), leurs contrats de travail sont plus souvent intermittents ou ils sont nombreux à exercer en indépendants en solo, sous le statut d'autoentrepreneur ou d'entreprise unipersonnelle.
Par ailleurs, cette crise rend visible le travail des femmes et expose à la perte d'emploi les métiers d'hommes. Les femmes sont en effet davantage exposées au risque sanitaire du fait de leur surreprésentation dans les métiers sur le front du Covid-19 (65%). Au niveau de la vulnérabilité de conditions de vie sont en première ligne les familles monoparentales dans les métiers féminisés : les parents isolés conjuguent plus difficilement la charge de leurs enfants et le travail, particulièrement quand leurs fonctions ne peuvent s'exercer qu'en présentiel.  

Une reprise d'activité qui n'est pas sans risques

La sortie du confinement et la transition, parfois longue, vers une reprise d'activité totale ou partielle, n'a pas la même signification pour tous les métiers. Sans préjuger des décisions que prendront les branches professionnelles et les partenaires sociaux, ni des mesures en place ou qui seront prolongées pour préserver l'emploi des plus vulnérables, il est nécessaire d'attirer l'attention sur un traitement « différencié » des risques auxquels sont confrontés les métiers.
Certains professionnels ont besoin à la fois de prévenir leur vulnérabilité économique et financière, d'autres sont en risque d'inadaptation des compétences ou de désocialisation, d'autres encore sont vulnérables sanitairement et psychiquement.