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Communiqués de presse
Publié le
Mardi 31 Août 2021
Au cours des années 2000, on a enregistré un net décrochage entre pouvoir d'achat perçu et pouvoir d'achat mesuré. Une des explications possibles de ce décalage serait liée au poids croissant des dépenses pré-engagées dans le budget des ménages. Les dépenses pré-engagées des ménages correspondent à des dépenses engagées par contrats, difficilement négociables et faisant le plus souvent l'objet de débit automatique : assurance, loyer, prêt bancaire, téléphone, internet...* Le poids de ces dépenses fixes dans le total des dépenses est passé de 27 % en 2001 à 32 % en 2017. Pour les ménages pauvres, il est passé de 31 % à 41 %. Près de 70 % de ces dépenses sont liées au logement et affectent donc particulièrement les locataires du secteur privé de la région parisienne. Les inégalités en termes de revenu arbitrable, c'est-à-dire en termes de budget disponible après paiement des dépenses pré-engagées, sont presque deux fois plus fortes que les inégalités en termes de niveau de vie.
NA 102 - Les dépenses pré-engagées : près d’un tiers des dépenses des ménages en 2017

Le poids des dépenses pré-engagées dans la dépense totale des ménages a crû entre 2011 et 2017 au même rythme qu'entre 2006 et 2011 (+ 2 points dans les deux cas). En 2017, en moyenne, les dépenses pré-engagées représentaient ainsi 32 % des dépenses des ménages de France métropolitaine.

Des dépenses pré-engagées plus lourdes pour les accédants, les locataires et les célibataires, et plus élevées dans les grandes agglomérations

Ce sont les locataires du parc privé qui font face aux dépenses de logement les plus élevées. Les dépenses pré-engagées de logement ne représentent que 13 % de la dépense totale chez les ménages pauvres lorsqu'ils sont propriétaires non accédants (c'est-à-dire qu'ils ont fini de rembourser leur crédit immobilier), mais 30 % de cette dépense lorsqu'ils sont accédants, 36 % lorsqu'ils sont locataires du parc social et 40 % lorsqu'ils sont locataires du parc privé. On constate également que le poids des dépenses pré-engagées dans la dépense totale diminue avec l'âge et est plus lourd pour les célibataires, avec ou sans enfants. Enfin, les dépenses pré-engagées pèsent plus lourd dans les grandes agglomérations, en lien avec des prix du logement plus élevés, notamment en région parisienne.

Des inégalités de revenu arbitrable presque deux fois plus fortes que les inégalités de niveau de vie

Le revenu arbitrable se définit comme la différence entre le revenu disponible du ménage (revenu calculé après prestations reçues et impôts directs versés) et les dépenses pré-engagées : c'est donc le budget sur lequel les ménages peuvent décider ce qu'ils font sans être tenus par un contrat fixe. L'écart entre revenu disponible et revenu arbitrable est plus fort pour les ménages pauvres, puisque le poids des dépenses pré-engagées est plus lourd pour ces ménages. En 2017, la moitié des ménages pauvres avait un niveau de vie, c'est-à-dire un revenu disponible par unité de consommation, inférieur à 819 euros par mois. Mais la moitié d'entre eux avait un revenu arbitrable par unité de consommation inférieur à 343 euros par mois.

*Les dépenses pré-engagées ne prennent pas en compte les dépenses liées aux transports.