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Communiqués de presse
Publié le
Jeudi 10 Décembre 2020
Les économies avancées ont connu plusieurs phases de ralentissement des gains de productivité depuis les années 1970. Le taux de croissance de la productivité horaire du travail est ainsi passé de plus de 4 % pour les pays européens à moins de 1 % en 2018. Quels sont les principaux facteurs structurels de ce ralentissement ? La crise financière de 2008-2009 a-t-elle joué un rôle ? Cette dernière question est d'autant plus importante aujourd'hui, alors que l'économie mondiale traverse une nouvelle crise économique. France Stratégie revient sur ces enjeux dans une note de synthèse qui met en lumière le rôle du capital humain dans le ralentissement de la productivité en France.
Évolution tendancielle de la productivité du travail en France, 1976-2018

Trois ruptures structurelles dans la croissance de la productivité du travail

D'après l'analyse économétrique menée par France Stratégie à partir des données de comptabilité nationale, la France aurait connu trois ruptures structurelles dans la croissance de sa productivité du travail depuis le milieu des années 1970. Les deux premières seraient survenues en 1986 et 1993 et la dernière en 2004, soit bien avant la crise de 2008. Si aucune rupture structurelle n'est identifiée au moment de la crise de 2008, celle-ci a pu cependant amplifier temporairement le ralentissement antérieur identifié en 2004, du fait de son impact sur le financement de l'économie, du choc négatif pour les entreprises et des réponses de politiques publiques.

Le rôle du capital humain dans les gains de productivité

D'après l'analyse originale menée, le capital humain contribue à hauteur des trois quarts des gains de productivité en tendance sur l'ensemble de la période. De fait, le capital humain aurait contribué pour 2,2 points à la forte croissance de la productivité, de 3,4 % en moyenne annuelle entre 1976 et 1986, avant de voir sa contribution diminuer progressivement pour atteindre 0,6 point depuis 2004, avec, de manière concomitante, la baisse des gains de productivité qui ne progressent plus que de 0,7 % par an.

En effet, le rythme de croissance annuel moyen de la part des diplômés dans la population active est de 2,5 % entre 1975 et 2000 pour le secondaire et de 3,5 % pour le supérieur, résultats qui ont diminué de 1,5 point et 1 point au cours des vingt années suivantes. Au total, le ralentissement de la progression du niveau de formation initiale des nouvelles générations semble expliquer 59 % du ralentissement tendanciel de la productivité en France sur l'ensemble de la période.

Au niveau de l'entreprise, la qualité du capital humain est fondamentale en ce qu'elle agit directement sur des déterminants mis en avant dans les études empiriques micro-économétriques comme la qualité du management et l'innovation, l'adoption de nouvelles technologies et les formes innovantes d'organisation du travail notamment.

Une nécessaire amélioration de la qualité de la formation initiale et continue

Puisque dorénavant le nombre d'années d'études chez les cohortes les plus jeunes est relativement élevé (80% d'une génération a au moins le bac), la marge de progression de la composante « formation initiale » du stock de capital humain est relativement faible. Cela renforce la nécessité de travailler sur l'amélioration de la qualité des formations initiales où la France a des performances médiocres notamment du point de vue des compétences non-cognitives (travail en équipe, persévérance...) pour lesquelles les méthodes pédagogiques françaises sont peu performantes. L'enquête TIMSS 2020 qui vient de sortir confirme également les performances médiocres dans les savoirs de base. Il faut également renforcer la formation continue en direction des moins aisés et des moins qualifiés, ainsi que le développement des organisations apprenantes afin d'assurer une hausse plus dynamique de la qualité du capital humain en France et partant, des niveaux de vie.