Ces dernières années, le secteur du sport connaît de fortes transformations en France, que ce soit en termes de pratiques, de publics, de lieux ou de nouvelles technologies. Ainsi, les métiers se diversifient et évoluent : on compte aujourd’hui 227 000 emplois du sport (+23 % en presque 10 ans). France Stratégie et le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) proposent une vision renouvelée des métiers du sport pour repenser concrètement l’offre de formation et les besoins en compétences de la filière à l’horizon 2024, afin de créer des passerelles entre les formations et favoriser la mobilité entre les métiers.
Pour éclairer de façon concrète l’évolution des emplois et des métiers à l’horizon 2024, France Stratégie et le Céreq se sont appuyés sur une démarche méthodologique originale, qui renouvelle l’approche prospective : elle s’appuie sur l’élaboration d’un diagnostic partagé avec l’ensemble des parties prenantes de l’emploi et de la formation.
Un panorama renouvelé des métiers du sport
Santé, bien-être, éducation, commerce… Les métiers du sport se diffusent dans différents secteurs économiques. Ce rapport élargit donc l’observation à des activités professionnelles qui s’exercent autour de l’activité sportive et distingue : les métiers cœurs du sport (éducateurs sportifs, professeurs d’EPS, entraîneurs, etc.) ; les métiers techniques (médecins, kinés, journalistes, ingénierie, etc.) ; les métiers transversaux (encadrement, animation, droit, gestion, etc.) et les métiers émergents (e-sport).
Ce panorama ouvre la possibilité de dessiner des aires de mobilité possibles entre métiers à partir des compétences mobilisées, afin de personnaliser davantage les parcours professionnels.
L’évolution des pratiques sportives, quels enjeux pour demain ?
On observe une démocratisation de l’activité physique et sportive avec le développement du sport bien-être et des enjeux de santé publique, la diversification des lieux et des temps de pratique – chez soi, dans l’espace public, au travail –, une émergence de nouveaux publics – les femmes et les seniors en particulier. L’activité physique est davantage mobilisée pour répondre à des besoins spécifiques des usagers, en particulier en matière de santé (prévention ou soin) de bien être ou sur les lieux professionnels. Ce phénomène bouleverse le modèle traditionnel du club associatif et bouscule les offres traditionnelles de services. Pour répondre à ces enjeux, demain, les opérateurs de formation doivent proposer des contenus de formation :
- Capable de qualifier plus rapidement pour accompagner, par exemple, les pratiques émergentes ;
- Capable de modularité avec la possibilité de composer plus facilement son parcours de formation à la carte.
Ces grandes tendances convergent vers une transformation des besoins en compétences. Pour les encadrants, la capacité à répondre aux besoins de publics aux motivations différentes (seniors, femmes, personnes en situation de handicap, malades, etc.) suppose de développer des compétences sociales et relationnelles (sens de l’écoute, gestion du stress, etc.), mais également spécifiques (connaissances de base en anatomie humaine, techniques de coaching, etc.). Aussi, la gestion de nouveaux publics implique le développement de compétences socio-sportives et d’animation sociale. Par ailleurs, les professionnels de l’encadrement dans les petits clubs seront amenés à acquérir des compétences en matière de gestion, de marketing, d’expérience client ou de finance. Enfin, le sport étant aussi impacté par les innovations technologiques, il est nécessaire de consolider les compétences de la relation digitale dans les clubs et accroitre l’offre de services à destination de tous les publics.
Comment l’offre de formation et de certification doit-elle s’adapter à ces évolutions ?
La diversification des disciplines et des pratiques a entraîné celle des diplômes et des spécialités : plus de 1 000 certifications coexistent aujourd'hui sur le marché de la formation. L’objectif est de repenser la formation pour permettre des parcours professionnels individualisés dans le sport et l’activité physique. Il s’agit ainsi de favoriser la création de passerelles entre diplômes et formations, sans se limiter aux métiers de l’encadrement, pour in fine encourager les transferts de compétences et la mobilité entre les métiers. Pour les rapporteurs, « tout l’enjeu pour le système de professionnalisation réside dans sa capacité à repenser le lien formation-emploi dans une vision élargie des métiers du sport et à reconnaître les compétences transférables des professions de l’encadrement vers d’autres activités et métiers ».
Parvenir à une vision partagée des métiers du sport ouvre la voie à une redéfinition du lien formation-emploi prenant en compte les évolutions à venir vers des parcours professionnels plus variés, et pouvant demander des compétences multiples. Le rapport fournit aux responsables du secteur, et en tout premier lieu au ministère des Sports, des pistes de réflexion sur les actions à mener pour accompagner ou anticiper ces transformations.