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La consommation croissante en matières premières du numérique : l’urgence d'une prise de conscience

Quatrième séance du cycle "L'impact environnemental du numérique". Si nous constatons une prise de conscience progressive de l’importance de la consommation énergétique du numérique, une évaluation complète de l’impact environnemental du numérique ne saurait cependant s’arrêter à son empreinte énergétique. En effet, loin de son image de secteur immatériel, le numérique est également à l’origine d’une consommation d’un nombre croissant de matières premières.

Publié le : 21/01/2019

Mis à jour le : 23/12/2024

La consommation croissante en matières premières du numérique

France Stratégie, pour ce quatrième volet du cycle de conférences sur l'impact environnemental du numérique, s'intéresse à la consommation croissante en matières premières du numérique. Les métaux sont de plus en plus présents dans les smartphones. Une prise de conscience s'impose : en gardant plus longtemps nos terminaux, on réduit le recours à de nouvelles matières premières. C'est un premier axe. Aujourd'hui, un deuxième axe a également été étudié : est-ce que le recyclage de ces terminaux est possible, et quelles sont les contraintes et limites associées ? Est-ce une solution viable pour l'avenir ?

Il est difficile de convaincre le public de garder longtemps un équipement, car les fabricants ne cessent d'augmenter les performances de leurs appareils. L'enjeu est toujours d'améliorer les performances, ce qui appelle une consommation accrue de métaux nécessaires pour atteindre ces améliorations. Cependant, il peut y avoir des changements ou des substitutions technologiques rapides. Par exemple, si l'on découvre qu'un métal ou un composant est plus performant, on passe à son utilisation en grande quantité, entraînant une augmentation soudaine de la demande et une adaptation des modes de production.

Quand on aborde l'offre en métaux, il faut tenir compte des paramètres géologiques : certains métaux, comme le gallium ou le tantale, ne peuvent être obtenus que dans des zones géologiques spécifiques. Ces ressources, réparties de manière inégale sur le globe, créent des enjeux géopolitiques, notamment pour l'accès et l'acceptabilité de leur extraction.

La solution pour éviter l'extraction continue des ressources en métaux passe par le recyclage. Mais un paradoxe subsiste : le recyclage coûte souvent plus cher que l'extraction, notamment pour les métaux mineurs qui ont des taux de recyclage très faibles voire nuls. Cela s'explique par leurs faibles concentrations dans les produits, mais aussi par la possibilité de les extraire à partir de mines où ces concentrations sont plus élevées.

L'économie circulaire repose sur la stratégie des trois R : réduire, réutiliser, recycler. Il existe une hiérarchie dans cette approche. D'abord, réduire en amont la consommation de matières dans les produits. Ensuite, réutiliser les produits autant que possible, par exemple en permettant aux téléphones portables d'être revendus et réutilisés par d'autres. Enfin, le recyclage, bien que coûteux, trouve sa place dans le système de l'économie circulaire.

Le recyclage est un élément indispensable pour l'éco-conception, qui sera le thème du cinquième volet du cycle de conférences de France Stratégie sur l'impact environnemental du numérique.

Cuivre, or, lithium, tantale, cobalt, terres rares et gallium, pour ne citer que quelques métaux issus d’une longue liste, ont tous en commun d’alimenter la révolution numérique. Au total, ce sont par exemple plus de cinquante métaux différents qui sont requis pour produire nos smartphones.

Or ces matières premières sont présentes en quantité finie sur notre planète. La croissance exponentielle du numérique est donc susceptible de créer ou d’amplifier à l’échelle mondiale des tensions liées à l’utilisation de ces matières.

Afin de comprendre les différents enjeux de la consommation en matières premières du numérique, France Stratégie a donné, dans un premier temps, la parole à Gaétan Lefebvre, géologue et économiste au BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières). Seront notamment abordées les questions d’épuisement des matières premières, de concurrence entre les deux transitions énergétique et numérique pour l’accès à certaines ressources, de tensions géopolitiques, et d’impacts environnementaux liés à l’extraction et au raffinage.

Florian Fizaine, maître de conférences en sciences économiques à l'Université de Savoie Mont Blanc et auteur du livre « Les métaux rares : opportunité ou menace ? », s'est penché dans un second temps sur deux questions complémentaires : le coût énergétique de l’extraction et du raffinage des métaux, ainsi que les limites du recyclage des matières présentes dans les équipements numériques.

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