Document de travail
Les politiques de mobilité dans les Hauts-de-France : des enjeux sociaux à l’épreuve du climat
Les régions ont des compétences clés dans le domaine de la mobilité : elles peuvent ainsi agir contre le réchauffement climatique. Les Hauts-de-France se distinguent par des initiatives fortes en matière de transports, mais l’articulation avec les enjeux socioéconomiques y est particulièrement délicate.
Publié le : 06/07/2020
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À la demande du Haut conseil pour le climat, France Stratégie s’est penchée sur la prise en compte des enjeux climatiques dans les politiques de mobilité en région Hauts-de-France. Cette étude vise à mieux comprendre le rôle que peuvent avoir les conseils régionaux dans l’atteinte des objectifs climatiques et met en évidence les enjeux de la mise en cohérence de leurs politiques en la matière avec d’autres enjeux, comme l’emploi.
La région Hauts-de-France représente 5 % des émissions nationales liées au transport pour 9 % de la population française et la croissance des émissions liées au transport y est plus faible que la moyenne nationale (5 % vs 8 % entre 2009 et 2017). Elle se caractérise par un besoin de déplacement et une dépendance à la voiture pour les trajets domicile-travail plus élevés que la moyenne nationale. Sa population est par ailleurs vulnérable économiquement : le revenu disponible médian par unité de consommation y est le deuxième plus bas de France métropolitaine, le taux de chômage y est supérieur de 2 points à la moyenne nationale. Les ménages en situation de précarité énergétique liée à la mobilité y sont aussi plus nombreux en proportion que dans le reste de la France métropolitaine.
Dans ce contexte, faire de la décarbonation l’une des priorités des politiques de mobilité n’est pas a priori évident. La région affiche dans ses différentes programmations obligatoires une ambition forte de baisse des émissions liées au transport (schéma régional climat air énergie- SRCAE- puis schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires- Sraddet), mais elle reste difficile à concrétiser.
Le conseil régional consacre 30% de son budget aux transports, essentiellement au ferroviaire, avec les trains express régionaux (TER), et interurbain. Allant au-delà de ses obligations réglementaires, il investit dans l’électrification et le développement de lignes ferroviaires. Il vise aussi à favoriser le report modal via le développement de pôles d’échanges multimodaux. Si de tels investissements contribuent à la décarbonation de la mobilité, les politiques de transport menées par la région visent avant tout à développer les mobilités pour favoriser l’activité économique et l’accès à l’emploi. Certaines mesures comme le développement d’axes routiers ou la diminution de la taxe sur les certificats d’immatriculation peuvent ainsi entrer en contradiction avec les engagements climatiques. Les Hauts-de-France font partie des territoires où la mise en cohérence des réponses sociales et environnementales est particulièrement difficile à réaliser.
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